Les résultats de deux études cliniques d'envergure présentés fin septembre à l’ESMO (Barcelone), pourraient modifier le traitement des patients déjà traités par chimiothérapie, atteints d'un cancer de la prostate métastatique résistant à l'hormonothérapie. De fait, l’étude de phase 3 PROfound (1) montre que l’inhibiteur de PARP olaparib (versus une 2e hormonothérapie : abiratérone ou enzalutamide) permet de gagner près de 6 mois de survie sans progression (SSP) chez les patients ayant des altérations des gènes de la recombinaison homologue. Les 387 patients recrutés dans cette étude ont été séparés en deux cohortes : A (mutations BRCA1, BRCA2 ou ATM) et B (autres altérations). Ils recevaient soit de l’olaparib pendant une durée médiane de 7,4 mois (n = 256), soit l'hormonothérapie (n = 131). Les données de la cohorte A montrent, à 6 mois, que la maladie n'avait pas progressé chez 60 % des patients sous olaparib, contre 23 % sous hormonothérapie. « L'olaparib s'est avéré particulièrement efficace chez les hommes ayant une mutation BRCA2, RAD51B et RAD54L. Bien toléré, l'olaparib a montré un bénéfice significatif sur le risque d'apparition de la douleur (métastases osseuses) », souligne le Pr Éric Raymond, chef du service d'oncologie médicale, Groupe hospitalier Paris-Saint-Joseph (GHPSJ). Une autre étude de phase 3 baptisée CARD (2) confirme, quant à elle, la supériorité du cabazitaxel face à une hormonothérapie de deuxième ligne (abiratérone ou enzalutamide) chez des hommes déjà traités par docetaxel, atteints d'un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration.
L'olaparib en maintenance dans le cancer de l'ovaire
L'arrivée des inhibiteurs de PARP devrait aussi changer la donne dans le cancer de l'ovaire. Jusqu'ici, le traitement des tumeurs avancées repose sur la chirurgie (si possible) et une chimiothérapie standard (platine associée au bévacizumab), suivies du bévacizumab seul en traitement d’entretien. L'étude de phase 3 PAOLA-1 Engot-ov25 (3) montre que l’association olaparib/bevacizumab pourrait devenir le nouveau standard dans le traitement d’entretien de première intention des patientes ayant un cancer de l’ovaire avancé, quel que soit le statut BRCA. 806 patientes atteintes d'un cancer de l'ovaire de stade III/IV et répondant à la chimiothérapie standard ont été incluses. L'étude a montré une nette amélioration de la SSP de 22,1 mois dans le groupe olaparib, contre 16,6 mois dans le groupe placebo. « Pour les femmes porteuses de mutation BRCA et celles présentant un déficit de la recombinaison homologue (HRD), le gain de survie est encore meilleur (37,2 mois dans le groupe olaparib) », indique la Dr Séverine Alran, chirurgienne sénologue, gynécologue (GHPSJ).
Des résultats encourageants avec l'immunothérapie
Très attendus dans le carcinome hépatocellulaire (CHC) au stade avancé, les résultats de l'essai de phase 3 Checkmate 459 (4) comparant le nivolumab au sorafénib (gold standard) en traitement de première intention, se sont révélés décevants : la survie globale était de 16,4 mois avec le nivolumab versus 14,7 mois sous sorafénib. « De même, l’étude de phase 3 Keynote 240 (5) comparant le pembrolizumab au placebo en deuxième ligne, après échec du sorafénib n’a pas atteint ses objectifs en termes de survie globale et de SSP », précise la Dr Laetitia Fartoux, hépato-oncologue (GHPSJ). De nouveaux espoirs sont, toutefois, permis. Présentée lors du congrès de l'ESMO Asie en novembre dernier, l'étude de phase 3 randomisée, IMbrave 150, démontre que l'association bévacizumab/atezolizumab, utilisée en première ligne chez les patients atteints d'un stade avancé de CHC non résécable, améliore significativement la survie globale de 42 % et la SSP de 41 %, par rapport au sorafénib. Les autorités sanitaires ont d’ores et déjà été sollicitées afin de pouvoir offrir cette bithérapie aux patients dès que possible. Enfin, dans le cancer de la vessie métastatique avancé, une étude (7) incluant 1 200 patients a comparé le traitement classique de première ligne (chimiothérapie à base de platine/gemcitabine + placebo) à un traitement associant cette même chimiothérapie à l'atezolizumab.
(1) Hussain M. et al. Ann. Oncol.2019;30. mdz394.039.
(2) de Wit R. et al. N. Engl. J. Med. 2019. DOI: 10.1056/NEJMoa191120
(3) Ray-Coquard I. et al. Ann. Oncol. 2019;30. mdz340.
(4) Yau T. LBA38_PR - CheckMate 459 - Abstract #LBA38, ESMO 2019
(5) Finn R.S. et al. J. Clin. Onc. 2019;37:4004.
(6) Cheng A-L et al. LBA 3, ESMO ASIA 2019
(7) Grande E. et al. J. Clin. Onc. 2018;36. TPS4589.
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