Médecin et économiste de la santé, la Pr Isabelle Durant-Zaleski souligne le fait que la liste en sus était faite initialement « pour rembourser les traitements très coûteux qui ne sont pas indiqués pour l’ensemble des patients d’un GHM et garantir ainsi l’accès aux soins innovants ».
« La liste en sus est un outil très utile, qui permet un accès rapide des patients à des médicaments innovants tout en vérifiant le caractère approprié des indications pour lesquelles ils sont prescrits », explique la Pr Isabelle Durant-Zaleski, directrice de l’unité en recherche clinique en économie de la santé d’Ile-de-France.
En 2015, la Fédération Unicancer rappelait que, parmi les dix molécules inscrites sur la liste en sus les plus prescrites en volume, neuf étaient des cancéreux. « C’est vrai que les médicaments du cancer représentent une part importante de ceux qui figurent sur cette liste. Mais cette liste n’a pas été créée seulement pour le cancer. On y trouve aussi des molécules pour diverses autres pathologies, par exemple des maladies rares ou des dispositifs de cardiologie comme les stents », indique la Pr Durant-Zaleski.
Le problème, de l’avis des oncologues, est que ces tarifs ne sont pas toujours ajustés à un niveau permettant à un établissement de ne pas perdre de l’argent quand il délivre un médicament innovant qui ne figure plus sur la liste en sus.
Une autre évolution importante concerne la prescription des médicaments pris par voie orale et à domicile par les patients. « Ces médicaments ne figurent pas sur la liste en sus mais ils ne pèsent pas non plus sur le budget des établissements, puisqu’ils sont pris en charge directement par l’Assurance-maladie comme tous les autres médicaments de ville ; dans le cas où les médicaments sont rétrocédés (i.e distribués par l’hôpital aux patients), une enveloppe spécifique est instituée », souligne la Pr Durant-Zaleski.
« Il est incontestable que le coût de certaines innovations thérapeutiques est élevé. Je pense en particulier aux nouveaux traitements de l’hépatite C. Pour faire face à cette charge financière, on voit émerger une réflexion sur les bénéfices supplémentaires que peuvent apporter ces traitements et sur leur efficience, indique la Pr Durant-Zaleski. Mais le problème, pour certaines innovations dans le domaine du cancer, est qu’on manque pour l’instant de recul pour modéliser correctement le bénéfice des nouveaux traitements, en particulier d’immuno-oncologie et pour bien identifier les patients répondeurs à ces traitements », ajoute-t-elle.
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