Des chercheurs du CNRS, de l’Institut Curie, de l’INSERM et de l’Université Paris-Sud ont identifié le rôle de gènes exprimés normalement uniquement dans la rétine dans le médulloblastome.
Les résultats publiés dans « Cancer Cell » permettent d’une part d’ouvrir un champ de recherche fondamental sur les marques aberrantes dans le processus cancéreux, et d’autre part d’envisager une nouvelle catégorie de cibles thérapeutiques dans le médulloblastome.
Rôle de la protéine NRL
Plus exactement, les chercheurs se sont intéressés au médulloblastome de groupe 3, « le plus problématique car le plus agressif et le plus résistant au traitement, celui pour lequel le taux de survie est le plus bas », précise au « Quotidien » Celio Pouponnot, auteur principal de l’article. Les chercheurs ont constaté que ces cancers se caractérisaient par l’expression du « programme photorécepteur », un ensemble de gènes habituellement exprimés uniquement dans la rétine (et pas dans le développement normal du cervelet), où ils permettent de définir l’identité des photorécepteurs. Ils ont découvert que s’exprimait au sein de ce programme la protéine NRL. « Nous travaillons depuis des années sur une famille de facteurs de transcription, la famille Maf, et leur implication dans certains cancers (en particulier le myélome multiple), indique Celio Pouponnot. NRL appartient à cette famille mais elle est un peu à part car elle n’avait jamais été impliquée dans un processus oncogénique, et était seulement connue pour son rôle de mise en place de l’identité des photorécepteurs. Voir que NRL est impliquée dans les médulloblastomes nous a beaucoup surpris car son expression est très restreinte, au niveau de la rétine uniquement. »
Les chercheurs ont aussi observé au sein du programme photorécepteur un autre facteur de transcription, CRX, qui n’appartient pas à la famille Maf, mais agit de concert avec NRL pour établir l’identité photorécepteur. Ces deux protéines, NRL et CRX, sont nécessaires au développement du médulloblastome.
Cibler les protéines anti-apoptose
« NRL et CRX fonctionnent de façon classique, permettant la prolifération cellulaire et protégeant les cellules tumorales de la mort », indique Celio Pouponnot. Et ces activités peuvent être ciblées. » Les chercheurs ont en effet greffé chez la souris des cellules de médulloblastome humain et utilisé sur ces cellules un inhibiteur des protéines anti-apoptotiques (protégeant les cellules tumorales de la mort). La tumeur a régressé et la survie des souris a été améliorée. L’agent pharmacologique utilisé sur la souris pour cibler la protéine anti-apoptotique ne peut cependant pas être utilisé chez l’humain car, choisi pour sa capacité à passer la barrière hématoencéphalique, son spectre est trop large et il est toxique chez l’homme. « Mais il s’agit d’une preuve de concept qui permet de valider le choix de cibler ces protéines », insiste Celio Pouponnot.
Identité aberrante
« Au-delà de l’aspect thérapeutique, il y a un aspect plus fondamental », souligne Celio Pouponnot. « Chaque cancer a ses particularités, son identité venant de son tissu d’origine. L’identité rétine dans une tumeur du cervelet est une identité aberrante (ce type d’identité existe pour d’autres cancers, et est alors souvent liée au tissu germinal), impliquée dans le développement du médulloblastome. » L’étude de ces identités aberrantes constitue donc un nouvel axe de la recherche en cancérologie.
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