« LA PREUVE de principe présentée ici constitue un pas en avant et fournit le début, plutôt que la fin, de l’histoire » écrivent Olivier Cussenot et son équipe de l’hôpital Tenon (Paris). L’histoire dont il est question rapporte la détection de cancers de la prostate par un chien spécialement entraîné à renifler les urines. Les excellentes performances de ce berger malinois belge justifient que les urologues parisiens évoquent les prémisses d’une voie de recherche.
Le travail, de longue haleine, est né de plusieurs constats. En premier lieu, même si le dosage du PSA constitue l’outil de détection universel du cancer prostatique, il manque de spécificité. La quête d’autres biomarqueurs est active. Et, parmi eux, des composés organiques volatils (COV) ont été suggérés, dont la sarcosine, indicateur d’agressivité de ces tumeurs malignes. C’est ici qu’interviennent les chiens, puisqu’ils ont déjà montré des dispositions à identifier, dans les urines, des cancers du poumon, de la vessie ou du sein… avec des fortunes diverses. L’idée de l’équipe parisienne a donc été d’identifier ces COV grâce à un animal spécifiquement préparé.
Renifler six flacons d’urine.
Des parcours tests ont été réalisés par le chien, en double aveugle, sur des urines de 66 patients. Tous avaient été adressés en consultation pour élévation du PSA ou un toucher rectal anormal, ils avaient subi une biopsie prostatique. Une moitié de la cohorte montrait un prélèvement positif, l’autre moitié était considérée comme indemne. Le chien effectuait plusieurs parcours. À chaque reprise il devait renifler six flacons d’urine (5 témoins, 1 cancer) à travers une ouverture dans une boîte. Il restait 30 secondes devant chaque échantillon et était dressé à s’asseoir devant le flacon que son odorat lui indiquait comme positif.
À la fin des multiples parcours le chien a identifié 30 des 33 échantillons positifs. Il a également jugé comme cancéreuses trois urines de témoins. Après nouvelle biopsie, l’un de ces trois patients était effectivement porteur d’une tumeur maligne.
Jean-Nicolas Cornu et coll. établissent ainsi la sensibilité et la spécificité de la méthode à 91 %. Ils ajoutent que la force de leur travail, par rapport à d’autres études, repose sur l’entraînement de type professionnel de l’animal. Une préparation réalisée par une équipe dédiée, sur un chien formé uniquement à cette recherche (lire encadré).
Le travail français reflète bien l’existence d’une signature odoriférante du cancer de la prostate. Elle correspondrait à un ou plusieurs métabolomes. Pour l’instant non connus, ils pourraient être déterminés par chromatographie ou spectrométrie.
Par son côté très expérimental ce travail montre quelques faiblesses. Parmi elles, des résultats obtenus avec un seul chien, dont la race peut influer sur le flair. Les patients avaient tous plus de 50 ans. Les témoins, considérés comme négatifs, avaient un PSA à 8,3±4,1, ce qui laisse supposer statistiquement que de 20 à 30 % d’entre eux étaient atteints d’un cancer prostatique. Des biais dans la détection d’odeurs (d’origine alimentaire) n’ont pas été déterminés. Ce qui n’empêche les auteurs de conclure à juste titre que « cette étude ouvre la porte à la détection des COV dans le dépistage des cancers de la prostate ».
European Urology 59 (2011) 197-201.
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