Comment les performances de la tomosynthèse se traduisent-elles en termes de santé publique chez les femmes aux seins denses ? Selon de nouvelles données publiées dans le « JAMA », comparée à la mammographie 2D, la tomosynthèse réduit le risque de cancer du sein de l'intervalle au stade avancé dans un sous-groupe précis, celui des femmes aux seins extrêmement denses et à risque.
Cette étude de cohorte rétrospective, qui avait comme critère principal de jugement la survenue de cancer de l'intervalle invasif ou avancé, rapporte significativement moins de cancers avancés, mais seulement chez les 3,6 % de femmes correspondant à ces critères (seins extrêmement denses et à haut risque). Aucune différence n'a été observée pour les 96,4 % de femmes aux seins non denses, aux seins denses hétérogènes ou aux seins extrêmement denses mais non à risque.
Plus précise que la mammographie 2D, la tomosynthèse permet de produire des clichés numériques en trois dimensions, ce qui permet un meilleur taux de détection des cancers. Par rapport à la mammographie en 2 dimensions, la tomosynthèse est associée à un taux de faux-positifs significativement réduit.
La tomosynthèse, qui a le marquage CE, est utilisée en France pour le diagnostic et le suivi des femmes ayant un cancer du sein. La Haute Autorité de santé est en train de mener une évaluation très attendue visant à se prononcer sur une éventuelle intégration de cette technologie d'imagerie dans le dépistage organisé (DO) du cancer du sein.
Autant de cancers invasifs de l'intervalle
Les chercheurs de l'université de Californie, à San Francisco, ont colligé les données de plusieurs registres américains, soit une étude sur 308 141 femmes dont les examens de dépistages étaient exclusivement réalisés à l'aide de mammographies digitales (en moyenne 2,2 par femme au cours du suivi), sur 56 939 autres ayant bénéficié uniquement d'examens par tomosynthèse (pour une moyenne de 1,6 examen par femme), et 139 347 autres chez lesquelles les deux types de matériel ont été utilisés (2,3 mammographies et 2 tomosynthèses par femme en moyenne).
Le dépistage était positif chez les 2,9 % des patientes du groupe tomosynthèse, contre 3,4 % de celles du groupe mammographie. Chez les femmes ayant des seins extrêment denses et à haut risque, les taux de cancer avancé survenu dans l'intervalle entre deux examens étaient de 0,27 versus 0,80 per 1 000 examens sur 12 mois, respectivement pour la tomosynthèse et la mammographie.
Un cancer invasif a été détecté avec une fréquence de 3,45/1 000 examens dans le groupe tomosynthèse et dans 2,99/1 000 examens dans le groupe mammographie (différence non significative). Pour ce qui est de la fréquence des cancers invasifs survenus dans l'intervalle, il n'y avait pas de différence significative entre la tomosynthèse et la mammographie, avec respectivement 0,57 et 0,61 cancer pour 1 000 patientes.
Une utilisation sur facteur de risque ?
Pour les femmes qui n'avaient pas les seins extrèmement dense et des facteurs de risque, il n'y avait pas de différence significative concernant la capacité à éviter les cancers de l'intervalle invasifs ou avancés, mais la tomosynthèse était toutefois associée à un plus faible taux de faux positifs et de réexamens inutiles. Dans leur discussion, les auteurs estiment que ces données doivent inciter à renseigner les femmes participant au dépistage, des risques de respectifs de faux positifs associés à ces deux techniques d'imagerie.
Si les résultats ne plaident pas pour l'emploi systématique de la tomosynthèse, mais « ils fournissent des arguments pour proposer ce type d'examen en particulier aux quelque 4 % de femmes qui ont des seins extrêmement denses et qui sont à haut risque de cancer du sein », concluent dans un éditorial les Dr Sarah Friedewald (département de radiologie de l'école de médecine de l'université du nord ouest Feinberg, dans l'Illinois), et Lars Grimm (département de radiologie de l'école universitaire de médecine Duke, en Caroline du Nord).
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