Alors que l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a rendu obligatoire la recherche systématique d'un déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD) avant la mise en route d'une chimiothérapie à base de fluoropyrimidines (5-fluorouracile à usage parentéral et capécitabine) en 2019, de nouvelles recommandations européennes viennent d'être diffusées après un arbitrage européen portant sur les modalités de dépistage du déficit en DPD.
Les chimiothérapies à base de fluoropyrimidines, utilisées notamment dans les cancers digestifs, mammaires et ORL, peuvent être à l'origine de toxicités sévères, voire létales chez les patients présentant un déficit complet ou partiel en DPD (enzyme impliquée dans l'élimination des fluoropyrimidines). « Un déficit complet en DPD est rare (entre 0,01 % et 0,5 % de la population caucasienne). On estime qu’un déficit partiel en DPD concerne 3 à 9 % de la population caucasienne », est-il rappelé dans une lettre d'information datée du 4 juin destinée aux professionnels de santé.
Des traitements contre-indiqués en cas de déficit total
Après analyse des données disponibles, l'Agence européenne du médicament préconise le dépistage du déficit en DPD avant l’initiation de ces traitements à base de 5-FU à usage parentéral et capécitabine et de modifier les informations disponibles sur les produits disponibles en Europe. Chez les patients présentant un déficit complet en DPD, l'utilisation de ces traitements est contre-indiquée, et chez ceux avec un déficit partiel en DPD, la dose initiale doit être réduite afin de limiter le risque de toxicité. Pour les patients recevant du 5-FU par voie parentérale, un suivi thérapeutique pharmacologique peut améliorer les résultats cliniques.
« Les modalités de prescription, de dispensation et d’utilisation de ces médicaments en France restent inchangées suite à cette décision européenne », précise l'ANSM dans un communiqué du 4 juin.
Les recommandations HAS/INCa en vigueur
En France, dès février 2018, l'ANSM recommandait d'effectuer un dépistage du déficit partiel ou total en DPD avant la mise en route du traitement. En décembre de la même année, des recommandations conjointes de la Haute Autorité de santé (HAS) et de l'Institut national du cancer (INCa) précisaient les modalités de cette recherche, en préconisant le recours à la mesure de l'uracilémie (phénotypage). La mention « Résultats uracilémie pris en compte » doit être précisée sur la prescription afin que le pharmacien puisse s'assurer de la réalisation du test avant de dispenser le traitement. Au sein de l'Union européenne, cette technique et la détection des variants du gène DPYD (génotypage) sont toutes les deux acceptées.
« En France, les recommandations de l’INCA/HAS datées du 18 décembre 2018 restent applicables. Ces recommandations ne s'appliquent pas aux produits à base de 5-FU et utilisés par voie cutanée », souligne l'ANSM.
Les recommandations européennes concernent également les spécialités à base de flucytosine, pour lesquelles un dépistage du déficit en DPD n'est pas recommandé et pour lesquelles les informations présentes dans les RCP et notices d’information destinées aux patients restent inchangées, et les spécialités à base de tegafur, mais celles-ci ne sont pas commercialisées en France.
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