Après 20 ans de recherche, le scanner à comptage de photons (PCD-CT) Naeotom alpha est désormais une réalité, avec pour l’instant quatre machines installées en France (Institut Cœur Poumon de Lille, Centre Cardio-Thoracique de Monaco, IHU Bordeaux, Institut Gustave Roussy, Villejuif), et deux autres qui vont être mises à disposition prochainement, à l’Hôpital Européen Georges Pompidou et à l’Hôpital Necker-Enfants malades, AP-HP. Cette technologie offre une résolution des images inégalée (pixels de 0,2 mm), tout en réduisant drastiquement les doses d’irradiation nécessaires : moins de 0,3 mSV (la radiation naturelle est de 3 mSV/an, un scanner conventionnel autour de 6 mSV), ce qui la rend particulièrement intéressante chez les enfants ou dans le cadre de suivi au long cours. Mais la grande nouveauté est qu’elle fournit aussi des informations spectrales, qui distinguent les différents types de tissus dans l’image, rendant visibles des lésions jusque-là inaccessibles.
Le comptage de photons, une nouvelle dimension
Plus de 600 000 patients ont déjà été scannés avec cette technologie à travers le monde, et des centaines de publications témoignent de sa supériorité par rapport au scanner classique. Quelques exemples en images :
Pour l’instant, le prix de la machine la fait réserver aux centres de pointe, en couplage clinique-recherche mais, soutenu par l’installation d’une nouvelle usine en Allemagne, Siemens Healthineers prévoit son déploiement à plus large échelle.
Des machines plus simples et plus durables
Les besoins en imagerie ne vont faire que croître, avec un doublement de la population de plus de 60 ans d’ici à 2050, qui comptera aussi 10 milliards d’humains supplémentaires sur terre (ONU), et un accès aux soins encore en développement dans les pays à faibles revenus. On compte aujourd’hui 30 % de malades chroniques de plus qu’en 2001, et l’OMS prévoit une augmentation de 62 % des cas de cancers pour 2040, 34 % dans la zone Europe. Les nouvelles applications, telles que le dépistage du cancer du poumon – 5% de la population des pays développés y serait éligible – représentent un défi qui s’ajoutera au déficit en ressources humaines en santé, chiffré par l’OMS à 10 millions de personnels manquants en 2030.
« C’est dans ce contexte que nous avons voulu développer l’IRM du futur : une machine à la fois sans hélium, autonome, et accessible », explique André Hartung, président diagnostic imaging de Siemens Healthineers. Nécessaire pour refroidir les aimants, l’hélium implique des coûts indirects importants pour les structures de santé, puisqu’il faut construire une cheminée dédiée dans le bâtiment pour son évacuation d’urgence, sans compter les coûts directs, car il doit être régulièrement rempli. Il est en outre très polluant et nécessite une expertise pour être redémarré en cas de coupure de courant.
Siemens Healthineers a présenté pour la première fois, au congrès européen de radiologie, fin février à Vienne, le Magnetom flow, sa première machine « sans hélium », à technologie « dry-cool » : il y a en réalité 0,7 litre d’hélium (contre plusieurs centaines de litres dans les machines classiques) mais dans un circuit fermé étanche, ne nécessitant pas de cheminée d’évacuation ni de remplissage, et qui redémarre tout seul en cas de coupure. Il s’agit d’un IRM 1,5 T de 60 cm, le plus couramment utilisé. « Nous prévoyons d’étendre cette technologie à tous les IRM de champs supérieurs », précise André Hartung. Le Magnetom flow est en outre plus petit : il peut être installé en passant par des portes usuelles, alors que ses prédécesseurs nécessitaient des travaux.
L’examen est facilité par une biomatrice unique pour toutes les zones, à laquelle sont intégrés des détecteurs de position, de mouvements respiratoires et cardiaques, qui communiquent directement avec la machine. L’opérateur réalise toute la préparation au chevet du patient, via un écran tactile, ce qui est moins anxiogène.
Dernier élément à la fois économique et écologique intégré dans ces nouveaux IRM : la technologie d’intelligence artificielle « deep resolve », qui réduit de 70 % le temps d’acquisition des images, tout en doublant leur résolution.
Au total, le rendement de l’appareil est amélioré, avec des créneaux possibles toutes les 15 à 20 minutes, contre 30 à 40 avec des machines usuelles.
Intelligence artificielle
Mais l’intelligence artificielle se décline dans bien d’autres applications, toujours dans l’idée de gagner du temps médical, d’améliorer le confort des patients et le résultat clinique. Le protocole « Fast 3D camera » positionne automatiquement le patient, 60 % plus rapidement que la procédure classique.
Le compagnon « AI rad chest CT » propose une interprétation automatique des images, et « Syngo carbon » la transfère automatiquement en un compte rendu rédigé. En outre « AI-rad companion organs RT » propose automatiquement des images — ou des vidéos — à mettre en exergue auprès du patient.
Autre technologie en développement, un robot de conversation pour dialoguer avec la machine de façon plus naturelle et moins technique, en s’affranchissant de toute la programmation fastidieuse à réaliser à chaque examen. L’idée est, là encore, de la rendre accessible à des professionnels de santé moins qualifiés. Dans un deuxième temps, les recommandations en vigueur pourront très facilement y être associées, donnant des conversations de type :
— [Anamnèse de mon patient], ai-je une indication radiologique ?
— Oui, je recommande un scanner sans injection, avec [tel protocole]
— Accepté, programme la machine, lance le scanner.
« Les médecins vont pouvoir faire ce pour quoi ils sont payés : interagir avec les patients », conclut André Hartung.
Une structure dédiée aux enfants
Siemens Healthineers a aussi annoncé le prochain lancement de Minitom kids, une installation pour vaincre les appréhensions et entraîner les enfants avant un passage à l’IRM ou au scanner. C’est l’histoire — racontée dans un livre remis à chaque petit patient — d’une petite girafe qui se sent mal, et doit passer un examen. L’enfant découvre sur une tablette interactive, en manipulant lui-même le mini-scanner/IRM, l’image d’un collier de perles avalé, qu’il retrouvera dans le ventre de la peluche. Sous la machine, un tunnel aux dimensions réalistes permet d’apprivoiser celui de la machine sur laquelle passera l’enfant, et de s’entraîner à rester immobile.
D’après un voyage de presse organisé par Siemens Healthineers
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