SI LA SURVIE observée dans le cancer de la prostate s’est grandement améliorée en partie grâce au dépistage individuel par le dosage PSA, « cette anticipation du diagnostic a été tellement importante qu’on a vu augmenter de façon majeure l’incidence des cancers de la prostate » (multipliée par 4 entre la fin des années 1980 et 2005), commente le Dr Grosclaude. « Dans l’ensemble de ces cancers diagnostiqués, on avait beaucoup de cas de cancers d’évolution peu agressive et assez lente. Il y avait en fait une proportion non négligeable de cas qui ne se seraient jamais manifestés du vivant des patients. C’est évidemment ce phénomène qui explique une très grande partie de l’amélioration de la survie même s’il y a eu aussi des progrès thérapeutiques », ajoute la responsable du réseau Francim.
Effet du dépistage individuel
Le cancer de la prostate (tout comme le cancer du sein) illustre les difficultés d’interprétation des données de la survie lié à l’effet du dépistage ou de la détection précoce des tumeurs sur la survie : en enrichissant la population suivie de sujets porteurs de tumeurs de petite taille ou de tumeurs à évolution lente, qui n’auraient peut-être pas été détectées du vivant des sujets en l’absence de dépistage, on fait apparaître une amélioration artificielle de la survie, qui en l’absence de la connaissance du stade, ne peut être distinguée d’une amélioration réelle associée aux progrès thérapeutiques.
« Ce que ne prend pas en compte ce rapport, malheureusement, ce sont les complications et la qualité de vie de ces hommes qui vont avoir les effets secondaires de la chirurgie et/ou de la radiothérapie. Et lorsqu’on calcule la survie globale, certes elle est améliorée mais au prix d’une qualité de vie assez dégradée », souligne le Pr Agnès Buzin, présidente de l’INCa qui ne recommande pas tout comme la Haute Autorité de santé (HAS) depuis avril 2012, le dépistage du cancer de la prostate. « Nous souhaitons alerter les hommes qui font un dosage de PSA à titre individuel en mettant en place des outils de communication pour ceux qui décident de s’engager dans la démarche de dépistage individuel proposée par les généralistes. Le but est de les informer sur les bénéfices du dépistage et les risques d’être traités sans en avoir besoin tout en subissant les effets secondaires », indique-t-elle.
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