L'effet antitumoral d'une réduction modérée d'un apport protéique se fait par le biais d'une réponse immunitaire médiée par l'activation de la voie de signalisation IRE1α/RIG1 dans les cellules tumorales. Ces résultats observés chez la souris ont été publiés dans « Cell metabolism ». « C'est la première fois que nous montrons que cette voie est liée à l'immunité antitumorale et c'est aussi la première fois qu'un lien est établi entre régime alimentaire et mise en place d'une immunité antitumorale », affirme le Dr Jean-Ehrland Ricci, auteur senior de l'étude et chercheur Inserm.
Le potentiel effet bénéfique d'une restriction protéique a déjà été mis en évidence par de précédentes études.
Une diminution significative de la croissance tumorale
Les chercheurs ont étudié les effets, sur trois modèles de tumeurs chez la souris (lymphome, carcinome colorectal et mélanome), de deux types de régimes : faible apport protéique et faible apport glucidique, qu'ils ont comparé à un régime « contrôle ». Pour chacun des régimes, l'apport calorique était identique.
Ils ont montré qu'une réduction de 25 % de l'apport protéique engendre une diminution significative de la croissance tumorale. « Nous nous sommes aperçus qu'une diminution trop importante en protéines (de 40 %) ne permettait pas d'obtenir cet effet bénéfique. Ceci montre la subtilité de cet effet », indique le chercheur. À noter qu'un tel effet n'a pas été mis en évidence avec un faible apport glucidique.
L'identification d'une nouvelle voie entraînant une réponse immunitaire
Cette limitation de la croissance tumorale n'est pas due à une diminution de la prolifération des cellules liée à une quantité réduite de nutriments : « L'effet n'est pas si direct », note le Dr Jean-Ehrland Ricci. En fait, l'effet de la restriction protéique se fait à travers une réponse immunitaire accrue (appelée immunosurveillance) dirigée contre les cellules tumorales. Et cette réponse est induite par l’activation de la voie IRE1α/RIG1 au sein de la cellule tumorale. C’est la première fois que cette voie est liée à la mise en place d’une immunité anti-tumorale. Son activation engendre un stress du réticulum endoplasmique (ou réponse UPR pour Unfolded Protein Response) dans les cellules tumorales et la production de cytokines. Ces cytokines sont elles-mêmes à l'origine de la réponse immunitaire conduisant à la limitation de la croissance tumorale via l'augmentation des lymphocytes T CD8+.
« La diminution en protéines induit un stress - auquel les cellules cancéreuses sont extrêmement sensibles - qui va induire une réponse immunitaire contre la tumeur. Le système immunitaire est ainsi éduqué pour reconnaître ces cellules tumorales et les détruire », résume le chercheur. Il précise : « Toute la cascade de signalisation que nous avons mise en évidence se déroule dans la cellule tumorale. Lorsque nous enlevons un des "partenaires" essentiels à cette cascade, l'effet protecteur du régime alimentaire disparaît. »
Des études en cours chez l'Homme
Le Dr Jean-Ehrland Ricci tient à noter que « cette étude a été réalisée chez la souris, dont le métabolisme est profondément différent de celui de l'Homme. Aucune étude n'a à ce jour montré l'effet bénéfique d'un régime restrictif chez l'Homme. Nous avons seulement montré, à partir de signatures génétiques, une corrélation entre l’activation d'IRE1α et l’augmentation des marqueurs de l'immunité ».
« Conceptuellement, l'identification de cette nouvelle voie de signalisation est très intéressante en termes de recherche. Des essais cliniques sont en cours pour une évaluation chez l'Homme », conclut le chercheur.
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