Le sixième congrès de la SFMPP a été l'occasion de faire un point sur les avancées récentes en médecine personnalisée en oncologie. Parmi les actualités de l'année, c'est l'activité des anti-PARP dans divers types de tumeurs mutées sur BRCA1-BRCA2 qui a le plus retenu l'attention. Parce qu'à lui seul il ouvre le champ à des traitements ciblés non plus sur le type histologique tumoral mais sur sa cartographie génétique. Ce qui constitue un réel bouleversement des pratiques. Ce thème faisait l'objet d'une communication du Pr Pascal Pujol (Président et Fondateur de la SFMPP, Chef de service Oncogénétique du CHU de Montpellier) (1).
Un élargissement des indications des anti-PARP dans les cancers de l'ovaire
« Cela fait de nombreuses années déjà que l'on dépiste les mutations BRCA1-2 dans la cadre du conseil oncogénétique familial. Ces mutations quand elles sont constitutionnelles (germinales) prédisposent en effet à certains cancers, en particulier du sein et de l'ovaire. Mais plus récemment la mise en évidence de l'activité spécifique de certaines molécules dans des tumeurs avec mutations BRCA1-2 a fait entrer le dépistage BRCA1-2 dans l'ère thérapeutique, résume le Pr Pujol. Chez les femmes mutées, le recours à un anti-PARP révolutionne en effet le pronostic ». Dans l'ovaire, l'anti-PARP olaparib (Lynparza) permet d'améliorer, versus placebo, la survie sans progression (médiane 11,2 vs 4,3 mois, RR =0,18; 0,1-0,3 ; p < 0,00001) et de réduire relativement d'environ 35% les récidives à 3 ans. C'est pourquoi l'olaparib est indiqué en traitement d'entretien dans les cancers épithéliaux séreux de haut grade de l'ovaire, des trompes de Fallope ou péritonéaux primitifs, récidivant, sensible au platine et mutés BRCA1-2. Plus récemment un autre anti-PARP, le niraparib (Zejula) a été agréé dans la même indication.
L'olaparib est aussi agréé chez les femmes ayant reçu un traitement (néo)adjuvant par anthracycline et/ou taxane pour un cancer localement avancé ou métastatique et ayant des mutations germinales BRCA1/2. Il constitue dans cette indication une alternative thérapeutique aux mono-chimiothérapies de première ligne ou plus du cancer du sein avancé (HER2-). Le talazoparib (Talzenna) a la même indication.
Un bénéfice aussi dans les cancers du pancréas et de la prostate
Par ailleurs, d'autres tumeurs mutées toujours de façon germinale mais aussi somatique (intra-tumorale) pour BRCA1-2 se sont montrées très sensibles aux anti-PARP avec à la clé un bénéfice pronostique conséquent. C'est le cas de tumeurs métastatiques du pancréas mutées dans lesquelles l'olaparib réduit de près de moitié les récidives à 1 an (2) . Dans les cancers de la prostate métastatiques mutés, les anti-PARP ont aussi fait leurs preuves. Dans les formes métastatiques résistantes à la castration et en progression sous enzalutamide ou abiraterone, mutées BRCA1-2, l'olaparib est en effet associé à un allongement de la survie sans progression (3,6 vs 7,4 mois) et même de survie totale (15,1 vs 18,5 mois) (3).
D'après la conférence de presse du 6eme Congrès de la Société française de médecine prédictive et personnalisé (SFMPP), septembre 2020, Paris.
(1) Pascal Pujol " TESTING BRCA 1/2 – Qui et quand tester ? Les recommandations de la SFMPP "– SFMPP 6eme édition, septembre 2020, Paris.
(2) T Golan et al. Maintenance Olaparib for Germline BRCA-Mutated Metastatic Pancreatic Cancer (POLO). NEJM 2019; 381:317-327
(3) J de Bono et al; Olaparib for Metastatic Castration-Resistant Prostate Cancer, NEJM 2020; 382:2091-2102
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