Une étude française menée sur près de 105 000 participants par des chercheurs de l’INSERM, de l’INRA et de l’université Paris 13, parue dans le « British Medical Journal », suggère une association entre la consommation d’aliments ultra-transformés (des barres chocolatées aux sodas en passant par les soupes instantanées) et le surrisque de développer un cancer (en particulier un cancer du sein).
12 % de risque supplémentaire de cancer
Dans cette étude, réalisée à partir de la cohorte NutriNet-Santé , 2 228 cancers ont été diagnostiqués pendant les 8 ans de suivi. Les auteurs ont constaté que l’augmentation de 10 % de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire des participants était associée à une augmentation de 12 % de leur risque de développer un cancer (11 % pour le cancer du sein). Cette augmentation était significative et prenait en compte les facteurs de risque déjà connus (âge, sexe, niveau d’éducation, antécédents familiaux de cancer, tabagisme, niveau d’activité physique). Aucune association n’a été observée pour les cancers de la prostate et colorectal. Néanmoins une tendance significative à l'augmentation du cancer colrectal a été observée.
En revanche, les auteurs n’observent pas d’association entre aliments transformés (et non ultra-transformés, c’est-à-dire les légumes en conserve, fromages, pain frais) et le risque de cancer. Ils observent a contrario une association entre la consommation d’aliments peu ou pas transformés (fruits, légumes, légumineuses, riz, pâtes, œufs, viande, poisson, lait) avec un risque plus faible de cancer.
Les auteurs soulignent cependant qu’il s’agit d’une étude observationnelle, qui ne peut donc conclure sur le lien de causalité.
Classification NOVA, entre aliments non transformés et ultra-transformés
Les chercheurs ont inclus 104 980 participants de la cohorte NutriNet-Santé (21,7 % d’hommes, 78,3 % de femmes, d’âge moyen 42,8 ans) et les ont suivis pendant 8 ans. Ils ont évalué le degré de transformation des aliments consommés par les participants par la classification NOVA.
Cette classification comporte quatre groupes selon le degré de transformation industrielle des aliments : de peu ou pas transformés à ultra-transformés. Cette dernière catégorie comprend par exemple les pains et brioches industriels, les barres chocolatées, les biscuits apéritifs, les sodas et boissons sucrées aromatisées, les nuggets de volaille et de poisson, les soupes instantanées, les huiles hydrogénées, les plats cuisinés congelés ou prêts à consommer, et tous les produits comprenant des conservateurs autres que le sel.
« Nous n’avons pas de chiffres précis sur la consommation de ces aliments en France, précise au « Quotidien » Mathilde Touvier, chercheuse à l’INSERM et auteure principale de l’article. L’étude INCa 3 montre en effet une augmentation par rapport à l’étude INCa 2 de la consommation d’aliments préparés, mais il ne s’agit pas exactement de la même catégorie. Dans notre cohorte, le premier quartile consomme 8 % de son alimentation totale en aliments ultra-transformés et le dernier quartile en consomme 32 %. Il ne s’agit cependant pas d’une population représentative de la population française. »
Vers des mesures de santé publique ?
Les hypothèses avancées par les chercheurs pour expliquer ces résultats sont la moins bonne qualité nutritionnelle des aliments ultra-transformés mais pas seulement. Pourraient aussi être impliqués des mécanismes mettant en jeu d’autres composés présents dans les aliments transformés (les additifs comme le dioxyde de titane, les édulcorants, ou les nitrites), ou substances formées lors des procédés industriels (comme l’acrylamide), ou encore des matériaux au contact des aliments (bisphénol A).
« Si les résultats de cette étude sont confirmés, et que la causalité est prouvée, des mesures de santé publique pourraient être envisagées (pour limiter la consommation de ces aliments ultra-transformés, N.D.L.R.) », précise Mathilde Touvier. « Un premier pas avait d’ailleurs été fait par le HCSP (Haut Conseil de la santé publique), et leurs dernières recommandations conseillaient la consommation de produits bruts ou faiblement transformés. »
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