L’Académie nationale de médecine a remis aujourd’hui sa Grande Médaille 2015 au Pr Michel Fardeau, spécialiste des pathologies musculaires sur lesquelles il a mené de nombreuses recherches au sein de l’Institut de myologie de la Pitié-Salpêtrière qu’il a d’ailleurs contribué à créer. « Je suis un enfant de la Salpêtrière, explique-t-il, j’y suis entré en 1948 et y ai passé pratiquement toute ma vie. »
Le Pr Fardeau a notamment participé aux premières tentatives de correction de la déficience en dystrophine à l’origine de la myopathie de Duchenne. Il a également été un des premiers à tester, chez l’animal, la thérapie cellulaire de la myopathie. « Ça a été une des grandes émotions de ma vie : voire que l’on pouvait, en réinjectant des cellules satellites musculaires, rétablir la fonction des muscles que l’on avait préalablement nécrosés », se souvient-il.
Il estime toutefois que la thérapie cellulaire a désormais marqué le pas face à la thérapie génique : « la biologie du gène a fait d’énormes progrès, reconnaît-il, mais à l’avenir, il ne suffira pas de stopper la dégradation par la thérapie génique, il faudra aussi être capable de restaurer la fonction musculaire par la thérapie cellulaire ».
Un chercheur engagé
« Je me sens très proche des personnes atteintes de handicap. Je suis même contre le terme handicap », affirme celui pour qui une chaire au Conservatoire des Arts-et-Métiers avait été créée sur mesure en 1990, spécialisée dans l’insertion des personnes handicapées.
Iconoclaste, le Pr Fardeau a été l’auteur, en 2002, d’un rapport visant à préparer la loi de 2005 sur l’égalité des chances. Nommé « Comme vous, comme nous, tout simplement », ce rapport portait un œil très critique sur les politiques françaises en direction des personnes handicapées, comparées à celles d’autres pays européens. « C’était une période très fertile en ce qui concerne les associations de personnes handicapées et les actions qui étaient menées, se souvient-il, aujourd’hui, nous connaissons des temps moins fastes : il suffit de voir les multiples reports et dérogations en ce qui concerne l’accessibilité. »
200 000 euros pour 21 lauréats
Le Pr Fardeau n’est pas le seul chercheur couronné aujourd’hui par l’Académie de médecine. En tout, 21 lauréats se sont partagé plus de 200 000 euros de prix. Parmi eux, le Pr Annick Harel-Bellan, directrice du laboratoire d’épigénétique du Cancer de Saclay, récompensée du prix Henry et Mary-Jane Mitjaville pour ses travaux sur l’homéostasie cellulaire : « Je m’efforce de comprendre à quel moment une cellule cesse de se diviser pour se différencier », explique-t-elle. Au cours des années 2000, elle est l’une des premières à démontrer l’intérêt des ARN interférents en cancérologie.
Plusieurs jeunes chercheurs sont également à l’honneur, à l’image de Frédéric Gambino, 34 ans, de l’Institut des Neuroscience de Bordeaux. Grâce à l’imagerie biphotonique, il a pu décrire in vivo les phénomènes de plasticité cérébrale chez des souris éveillées. Lionel Apetoh, 34 ans a, lui, remporté le prix Albert-Sézary pour sa description l’activité antitumorale des lymphocytes T CD4+ TH9 (produisant l’interleukine 9 et l’interleukine 21).
Certains prix n’ont pas nécessairement récompensé des travaux de recherche. Ainsi, le Médecin Colonel Didier Mennecier, a reçu le prix IDS Santé pour la création et l’animation du site hepatoweb.com qui fournit des informations sur les pathologies chroniques et aiguës en hépatologie aux médecins, aux malades et aux étudiants.
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