L'osimertinib (Tagrisso) est un inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) de troisième génération dirigé contre le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR). Menée chez 682 patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC), l’étude de phase III Adaura comparait l’osimertinib (80 mg par jour), administré après la chirurgie, à un bras placebo.
Une première analyse avait montré que l’osimertinib en adjuvant améliorait significativement la survie sans maladie (SSM) par rapport au placebo, dans ces CPNPC avec mutation EGFR, complètement réséqués. Le bénéfice sur la SSM, globalement et au niveau cérébral, se maintenait avec un suivi supplémentaire de deux ans, que ce soit sur la population totale (stade IB-IIIA) ou les stades II–IIIA. Dans l’analyse publiée au « Journal of Clinical Oncology » en ce début d’année (1), la SSM des stades IB-IIA atteint : 65,8 % avec l’osimertinib versus 28,1 % dans le bras placebo (HR = 0,27). Le profil de sécurité était tolérable.
Vers un nouveau standard
« L’osimertinib tient ses promesses sur le long terme », précise le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer. En effet, les résultats sur la survie globale à cinq ans, présentés le 4 juin à l’ASCO et publiés parallèlement dans le « New England Journal of Medecine » (2), sont impressionnants : une réduction de 51 % du risque de décès a été mise en évidence, aussi bien dans la cohorte globale avec 88 % des patients en vie à cinq ans sous osimertinib (versus 78 % avec le placebo) que pour les stades II–IIIA (85 % versus 73 %). « Dans le cancer du poumon, c’est la première fois qu’on démontre une amélioration de la survie globale à cinq ans avec une thérapie ciblée en postopératoire », souligne le Pr Nicolas Girard (Institut Curie, Paris). Quant à la survie globale médiane, elle n'a pas encore été atteinte dans aucune des populations, ni aucun des groupes de traitement.
« Le bénéfice hautement significatif de l’osimertinib en adjuvant devrait l’imposer comme la référence dans les CPNPC de stade IB-IIIA, avec mutation de l’EGFR », se félicite le Dr Roy S. Herbst (États-Unis), lors de sa présentation de l’étude. « Ces résultats marquants devraient changer les pratiques et entraîner un besoin de tests systématiques de l’EGFR », relève la Dr Muriel Dahan, directrice de la recherche et du développement d’Unicancer.
Un traitement approuvé
L'osimertinib est déjà autorisé en monothérapie dans plus d’une centaine de pays. Son autorisation en 2020 aux États-Unis, en situation adjuvante des CPNPC EGFR mutés, s'appuyait sur les précédentes données montrant une amélioration de la SSM des patients. « Mais tous les médecins n'ont pas encore adopté le traitement, et attendaient les données concernant la survie globale », explique le Dr Herbst.
En France, la Commission de la transparence de la Haute Autorité de santé avait souligné, en mai 2022, dans son avis favorable au remboursement dans cette indication : « en situation adjuvante, les patients doivent être traités jusqu’à récidive de la maladie ou survenue d’une toxicité inacceptable et qu’une durée de traitement supérieure à trois ans n’a pas été étudiée ». Le service médical rendu (SMR) avait été jugé important et l'amélioration du SMR mineure, compte tenu alors de l'absence de données sur la survie et de la toxicité.
(1) Herbst R S et al. Adjuvant Osimertinib for Resected EGFR-Mutated Stage IB-IIIA Non-Small-Cell Lung Cancer: Updated Results From the Phase III Randomized ADAURA Trial. J Clin Oncol. 2023 Apr 1;41(10):1830-1840.
(2) Tsuboi M et al. Overall Survival with Osimertinib in Resected EGFR-Mutated NSCLC. NEJM. 4 juin 2023.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024