CE TRAVAIL a été conduit par une équipe du Texas (Anderson Cancer Center) qui a passé en revue le devenir de 722 patients qui avaient été traités par radiothérapie de première intention.
Parmi ces patients, 155 prenaient des bêtabloquants pour une HTA ou une cardiopathie. Il est apparu que ces patients sous bêtabloquants ont une survie moyenne de 23,7 mois, alors que les chez les 567 patients n’en prenant pas, la survie moyenne n’était que de 18,6 mois. Soit une amélioration de 22 % après ajustement pour l’âge, le stade du cancer, l’administration ou non d’une chimiothérapie associée, l’existence d’une BPCO et la consommation d’aspirine.
De plus, l’usage de bêtabloquants était également associé à une amélioration de la survie sans dissémination métastatique de la maladie et de la survie sans récidive. Cela dit, les bêtabloquants étaient sans incidence sur la survie sans progression locorégionale du cancer.
« Malgré des progrès récents dans la radiothérapie et la chimiothérapie des cancers pulmonaires non à petites cellules, fait remarquer l’un des auteurs, le Pr Daniel Gomez, le pronostic de la maladie est mauvais, moins de 15 % des patients étant encore en vie au bout de cinq ans. Une cause majeure des décès est la survenue de métastases. Nous avons donc besoin d’urgence de nouvelles façons de bloquer les métastases chez ces patients. Nos résultats suggèrent que l’utilisation de bêtabloquants pendant la radiothérapie pourrait aider à prévenir les métastases. À notre connaissance, notre étude constitue la première analyse à montrer un bénéfice en terme de survie avec les bêtabloquants pendant la radiothérapie des cancers du poumon non à petites cellules. Toutefois, des études prospectives sont nécessaires pour étudier ces résultats et voir si l’amélioration de la survie est influencée par le moment de l’introduction des bêtabloquants et leur durée d’administration. »
Norépinéphrine.
Comment expliquer cette action bénéfique des bêtaboquants ?
Il faut rappeler que le mécanisme de développement des métastases est complexe mais qu’on sait qu’il peut inclure des conditions de stress chronique avec exposition chronique aux hormones associées au stress. Parmi ces hormones, la norépinéphrine qui, on le sait, stimule la migration des cellules tumorales. Or ce processus implique les récepteurs de surface cellulaire qui sont la cible des bêtabloquants.
« Nos résultats, ajoute une autre chercheuse, le Pr Zhongxing Liao, concordent avec ceux de travaux antérieurs qui avaient montré que les bêtabloquants ont un effet spécifique sur la cascade d’événements qui conduisent aux métastases. Le fait qu’ils n’aient pas d’action sur la survie sans progression locorégionale suggère qu’ils agissent sur cette cascade plutôt que sur la tumeur primitive. »
Les chercheurs indiquent que le nombre de patients inclus dans cette étude n’était pas assez important pour que l’on puisse dire si le choix du bêtabloquant est important mais ils ajoutent que la plupart des patients qui ont tiré un effet positif étaient sous bêtabloquant sélectif. De même, on ne sait pas si d’autres médicaments pris par les patients ont pu avoir une influence. Les futurs essais cliniques devront répondre à ces questions.
Annals of Oncology, doi:10.1093/annonc/mds616.
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