« FACE À la grande utilisation des dispositifs intra-utérins dans le monde, les femmes, les gynécologues et les professionnels de santé reproductive peuvent être rassurés, les DIU ne semblent pas majorer les risques d’infection cervicale par HPV et notre étude fournit une preuve robuste qu’ils pourraient même réduire le risque d’apparition d’un cancer cervical. » C’est ainsi que Xavier Castellsagué (L’Hospitalet de Llobregat, Espagne) et coll. fournissent une réponse à une question qui demeurait en suspens et qui laissait peser des doutes sur ce mode de contraception. Alors qu’il était connu que le DIU diminue l’incidence du cancer endométrial, les notions étaient plus floues quant au cancer du col.
L’équipe internationale, à laquelle participaient des chercheurs du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de Lyon, a analysé simultanément les données de deux vastes études. La première provenait du CIRC et l’autre de l’Institut Catalan d’Oncologie (auteur du travail). L’une d’entre elles incluait les données de 10 études cas-contrôle sur le cancer du col, menées dans 8 pays. L’autre portait sur 16 surveillances de prévalence du HPV dans 14 pays. Dans le premier travail 2 205 femmes atteintes ont été comparées à 2 214 témoins indemnes. Quant au suivi des infections par un HPV, il a porté sur 15 272 femmes, la recherche du virus était faite par recherche de l’ADN viral par PCR.
Un odds ratio à 0,55.
Après avoir ajusté les résultats selon plusieurs covariables, dont la présence d’ADN de papillomavirus et le nombre de frottis antérieurs, il apparaît une forte relation inverse entre l’utilisation d’un DIU et la survenue d’un cancer cervical avec un odds ratio à 0,55. Soit un risque réduit de moitié. L’effet protecteur est retrouvé pour les carcinomes à cellules squameuses (odds ratio : 0,56), pour les adénocarcinomes et carcinomes adénosquameux (odds ratio : 0,46). En revanche, il n’existe pas d’effet protecteur vis-à-vis du risque d’infection par un HPV (odds ratio : 0,68) et aucune association n’est retrouvée entre le stérilet et la détection du virus en l’absence de cancer du col.
Un constat intrigue les auteurs. Ils ne mettent pas en évidence la relation chez les femmes ménopausées. Ils attribuent cela au faible usage du DIU chez ces participantes, moins de 10 %. Ils constatent également que la durée d’utilisation du stérilet n’influe pas sur la protection. Elle débute au cours de la première année et demeure similaire même au bout de 10 ans.
Plusieurs mécanismes explicatifs.
L’étude, expliquent les auteurs, montre que le DIU ne modifie la probabilité d’infection par un HPV, mais celle de l’évolution de la cancérisation. Ils proposent plusieurs mécanismes explicatifs.
Le premier serait l’induction par le DIU d’une réponse inflammatoire réactionnelle, chronique, de bas grade. Elle pourrait modifier le cours de l’infection par le HPV via des changements dans l’immunité muqueuse locale. Des observations en microscopie accréditent cette théorie.
Une autre explication se fonde sur le traumatisme cervical associé à l’insertion et à l’ablation du stérilet. Ces gestes créeraient également de petits foyers d’inflammation in situ, avec leur réponse immune prolongée. Un peu comme cela se voit après des biopsies du col. Ceci irait bien dans le sens d’une protection immédiate, indépendante de la durée d’utilisation du moyen contraceptif.
Est aussi évoquée l’élimination de cellules préinvasives lors de la pose ou du retrait du stérilet. Ce qui également corrobore l’absence d’effet selon la durée d’utilisation.
Ces hypothèses auraient pu être balayées par le simple fait que le risque de cancer est lié à une surveillance accrue des porteuses d’un stérilet par rapport aux autres femmes. Mais la prise en compte de la fréquence des frottis antérieurs n’influe guère sur les résultats.
Lancet, édition avancée en ligne doi : 10.1016/S1470-2045(11)70223-6.
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