En France, 20 % des « événements indésirables graves » survenant lors d'un acte chirurgical seraient dus à un diagnostic ou à un choix thérapeutique imparfait lié aux nombreuses variations anatomiques des patients : pour éviter ces erreurs, la visualisation 3D d'un organe à opérer en fournit une « cartographie » précise au chirurgien. « Dans un tiers des cas, constate le Pr Soler, le chirurgien va changer son approche à l'issue de cette visualisation, optimisant et sécurisant ainsi son intervention ».
Véritable « GPS » opératoire
Concrètement, le dispositif fonctionne comme le ferait un laboratoire d'analyse biologique à distance : l'oncologue ou le chirurgien envoie ses images via un serveur sécurisé à la solution connectée « Visible Patient ». Elle réalise alors à distance une détection et une reconstruction 3D de chaque structure anatomique et pathologique présente dans l'image et demandée par le clinicien, puis lui renvoie le résultat. De plus, un logiciel de simulation préopératoire permet au chirurgien de visualiser et de planifier une thérapie optimale adaptée à l'anatomie propre au patient, qu'il peut renouveler plusieurs fois sans risque. Cela permet non seulement d'améliorer significativement l'acte thérapeutique, de réduire le temps opératoire et de limiter les complications postopératoires, mais aussi de rendre possible des patients opérables des patients qui ne l'étaient pas. En outre, cette modélisation 3D facilite la communication avec le patient.
Véritable « GPS » opératoire, l'analyse « Visible Patient » cumule donc de nombreux avantages, mais représente un coût de 650 euros. Deux gros assureurs complémentaires, le Crédit Mutuel en octobre dernier et l'AG2R La Mondiale il y a quelques jours, ont choisi de prendre en charge à 100 % cette analyse pour leurs assurés sans augmentation de cotisations. Pour ces assureurs, cette analyse offre de nombreux avantages pour les patients, en réduisant les risques d'erreurs et donc de réintervention, et contribue aussi à les rassurer.
Plus de 3000 patients bénéficiaires
Utilisable pour toute pathologie dans le corps humain, la prise en charge par l'AG2R ne concernera dans un premier temps que les cancers, essentiellement les tumeurs du foie, du rein et du poumon, mais pourra être élargie à d'autres branches de la chirurgie. Elle peut, de plus, se combiner avec les autres technologies développées à l'IRCAD, comme la réalité augmentée et l'intelligence artificielle. Plus de 3 000 patients ont déjà bénéficié de cette analyse avant leur opération. Elle a eu des conséquences spectaculaires pour certains d'entre eux, par exemple en évitant des transplantations rénales à des enfants, ou en permettant une épargne parenchymateuse hépatique dans le cas d'un hépatocarcinome, localisé de manière fausse. La prise en charge par ces mutuelles, qui seront sans doute bientôt suivies par d'autres organismes, devrait permettre un véritable « décollage » de la technique, tant ses atouts apparaissent désormais de plus en plus évidents.
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