Voilà qui fera peut-être avancer le débat sur la place du test HPV dans le dépistage du cancer du col de l’utérus. Une grande métaanalyse européenne de 4 essais randomisés et contrôlés totalisant près de 176 500 femmes âgées de 20 à 64 ans montre que le dépistage par le test HPV protège du cancer invasif de 60-70 % par rapport au frottis cervico-vaginal (FCV) et que l’intervalle entre deux tests pourrait être de 5 ans au lieu des 3 ans recommandés actuellement pour le FCV.
Ces résultats déjà largement suggérés et attendus par le passé sont les premiers d’un tel niveau de preuve scientifique mettant en évidence une diminution du cancer invasif et de la mortalité. Si plusieurs publications avaient conclu à la supériorité du test HPV sur le FCV, il existait des faiblesses méthodologiques, soit en raison de critères de jugement intermédiaires (survenue d’un CIN de haut grade 2 ou 3) dans 4 essais randomisés (Swedescreen, POBASCAM, ARTISTIC, NTCC) soit d’une puissance trop faible (étude en Inde rurale publiée en 2009).
Dès l’âge de 30 ans tous les 5 ans
L’équipe dirigée par le Dr Guglielmo Ronco de Turin a analysé les données de 4 grands essais en Angleterre, en Italie, aux Pays-Bas et en Suède, tous ayant comparant l’efficacité du test HPV au FCV. Au cours d’un suivi de 6,5 ans en moyenne dans les 4 essais, les chercheurs ont constaté que la détection des cancers invasifs était similaire dans les deux groupes au cours des 2,5 premières années. Ce n’est qu’ensuite qu’un gain de protection se révélait avec le test HPV, avec une baisse d’incidence de 60-70 %, en particulier chez les femmes âgées de 30-35 ans.
Comme le Dr Ronco le souligne, « nous recommandons la mise en place du dépistage par le test HPV sous la forme d’un triage à partir de l’âge de 30 ans tous les 5 ans. Le triage signifie que les femmes HPV positives soient suivies par frottis et que seules celles ayant un résultat anormal ou une infection HPV persistante aient une colposcopie ». Car, si les coûts supplémentaires liés au test HPV pourraient être compensés par un âge de dépistage plus tardif, des intervalles plus longs et une moindre morbi-mortalité, le véritable défi à l’avenir sera de définir des stratégies consensuelles.
Deux épidémiologistes de Montréal concluent ainsi dans l’éditorial associé à l’article : « les pays devront s’attaquer à de grands challenges logistiques, incluant : le choix du test HPV ; clarifier les âges et les intervalles de dépistage ; définir le triage et les stratégies de prise en charge de femmes HPV positives ; et s’assurer de la qualité et de l’observance des nouvelles recommandations».
The Lancet, publié en ligne le 3 novembre 2013
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