Avec le concept « lightspeed » et les enseignements tirés du vaccin Covid-19, Pfizer Oncology ambitionne de repousser les limites pour offrir plus rapidement des solutions thérapeutiques en cancérologie. Plusieurs molécules sont en cours de développements…
Un anti-ALK prometteur dans le CBNPC
Le lorlatinib (Lorbrena) est un inhibiteur de la tyrosine kinase ALK de troisième génération, qui se caractérise sur le plan biochimique par une nouvelle structure macrocyclique. Dans le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC), il agit sur toutes les mutations résistantes aux inhibiteurs de ALK. Son développement clinique date de moins de 5 ans, soit une durée nettement plus courte que la médiane usuelle dans ce type de traitement. Utilisé chez l’homme pour la première fois en 2014, il a été approuvé aux États-Unis par la FDA en 2018 en seconde ligne de traitement, puis en mars 2021 en première ligne. Dans l’étude de phase III CROWN, le lorlatinib a permis dans les CBNPC avec réarrangement ALK, une réduction significative de 72 % du risque de progression ou de décès par rapport au crizotinib.
Un anticorps bispécifique dans le myélome multiple
Plus récemment, l’elranatamab, un anticorps bispécifique BCMA-CD3 s’est révélé très prometteur en phase I dans le myélome multiple, avec de 75 % de réponse objective à la dose de 215 µg/kg en sous-cutané (jusqu’à 83 % pour 1 000 µg) et un taux moyen de réponse complète toutes doses confondues de 30 %. Des données très attendues puisqu’en moyenne, seulement la moitié des patients atteints de myélome multiple survivent à 5 ans. L’essai de phase II MagnetisMM-3 est en cours afin d’évaluer l'efficacité et la tolérance de l'elranatamab dans les myélomes multiples récidivants et/ou réfractaires après au moins un des trois traitements recommandés (immunomodulateurs, inhibiteur du protéasome ou anti-CD38). D’autres essais MagnetisMM vont élargir l’éventail des patients susceptibles d’en bénéficier, y compris les myélomes multiples nouvellement diagnostiqués.
L’elranatamab a obtenu la désignation « Fast Track » par la FDA en janvier 2021, puis le statut « prime » par l’agence européenne du médicament (EMA) en mars 2021, désignations qui facilitent le développement et accélèrent les procédures pour les nouvelles molécules susceptibles de répondre à un besoin médical non satisfait. « Ce développement rapide a été obtenu en appliquant les concepts Lightspeed, comme l’évaluation en temps réel des données fournies par l'examen indépendant central, l’accélération de l'offre de produits prêts à l'emploi en tirant parti des ressources internes, le recours aux technologies d'apprentissage automatique pour l’examen et l’analyse des données, avec un délai inférieur à 30 jours entre la finalisation du protocole et l’administration de la première dose », détaille Jeff Settleman, Directeur scientifique de Pfizer Oncology.
Vaincre la résistance à l’hormonothérapie dans le cancer du sein
Dans le cancer du sein, après le palbociclib, inhibiteur des CDK 4 et 6, quatre programmes sont actuellement en phase I dans l’objectif de vaincre les limites de la résistance hormonale, soit en gardant les CDK comme axe central du traitement, soit par le recours aux inhibiteurs de la Lysine Acetyltransferase 6A (KAT6A) :
- L’inhibition des CDK2/4/6 trouve des opportunités d’expansion dans les tumeurs triple négatives du sein ou de l’ovaire résistantes au palbociclib.
- Les anti-CDK4 sélectifs améliorent potentiellement l’efficacité et de la sécurité par rapport au palbociclib dans les cancers du sein hormono-positifs (HR+) et pourraient trouver une place au sein d’association dans les cancers du poumon, du colon et de la prostate.
- Les anti-CDK2 sélectifs pourraient permettre de contrer la résistance au palbociclib, soit en les associant à ce dernier, soit à un CDK4-sélectif. Ils ont aussi un potentiel dans divers types de tumeurs en association avec les traitements standards, les thérapies ciblées ou l’immunothérapie.
- Quant aux inhibiteurs de la KAT6A, ils pourraient aussi surmonter les mutations des récepteurs aux œstrogènes (ER), provoquant une résistance dans le cancer du sein HR+. Cette classe montre un bon profil de tolérance et agirait en synergie avec le palbociclib.
Affaire à suivre…
D'après une conférence de Pfizer Oncology sur ses développements cliniques
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024