PUBLIÉ CE LUNDI, le rapport, intitulé « Identifier et prévenir les risques de second cancer primitif » (qui n’est ni une récidive ni une métastase) entend attirer l’attention des médecins. Il insiste sur la nécessité d’une démarche de prévention tertiaire, qui doit être intégrée dans la prise en charge en cancérologie comme en médecine générale, dans certaines situations identifiées.
L’incidence des cancers augmente, la survie des patients s’améliore et de ce fait la population des patients ayant un antécédent de cancer augmente. On estime que 3 millions de personnes en France vivent avec un antécédent de cancer (2008). Pour la majorité des patients traités pour un premier cancer, le risque de second cancer primitif (SCP) est égal ou légèrement supérieur à celui de la population générale. C’est donc un message positif important : ces patients peuvent être considérés comme guéris.
Par contre, le surrisque « peut s’avérer élevé pour certains », lit-on dans le rapport. Pour les praticiens, il s’agit de savoir repérer les patients à risque afin de leur proposer un suivi adapté et de pouvoir rassurer ceux pour lesquels il n’existe pas de surrisque.
Une étude américaine du National Cancer Institute montre que près de 14 % des patients développeraient un SCP 25 ans après le premier diagnostic. D’où l’intérêt du suivi à long terme.
Selon les données françaises, « un éventuel risque de SCP de niveau 1 (niveau de risque le plus élevé, correspondant à un excès de risque absolu supérieur à 15/10 000 personnes-années), concerne plus de 30 % des patients ».
Ce surrisque particulier existe pour des cancers suivants : sein (surrisque de second cancer primitif du sein), vessie (poumon), œsophage (cavité buccale/pharynx), cavité buccale/pharynx (cavité buccale/pharynx, œsophage, poumon), larynx (poumon, cavité buccale/pharynx), poumon (poumon), leucémie lymphoïde chronique (poumon), lymphome hodgkinien (sein).
Étiologie tabagique forte.
On remarque que la majorité de ces cancers sont connus pour avoir une étiologie tabagique forte, à l’exception du sein (où l’effet du tabagisme existe aussi mais dans une moindre mesure), et des lymphomes hodgkiniens. Mais il est aussi montré que le tabac a une action indirecte de potentialisateur de l’effet de la radiothérapie (après lymphome hodgkinien et cancer du sein).
Aussi, « le sevrage tabagique dès la mise en place du traitement (et sa poursuite sur le long terme) apparaît comme une mesure majeure », écrivent les experts. D’ailleurs, plusieurs études ont déjà montré que l’arrêt du tabac est associé à une réduction du risque de SCP, poursuivent-ils.
D’autres facteurs individuels sont montrés. La surcharge pondérale chez les femmes atteintes de cancer du sein et la consommation de boissons alcoolisées chez les patients atteints de cancers des VADS sont associés à une augmentation du risque de SCP.
Des facteurs de risque sont liés à la génétique. Ainsi après un cancer du sein, le cancer de l’ovaire est il un peu plus fréquent et inversement (le sein après l’ovaire), même en l’absence des facteurs génétiques connus (BRCA). Ces cancers partagent des déterminants étiologiques moins connus. Et une surveillance en rapport est de mise.
Certains risques décrits dans la littérature sont liés à des stratégies thérapeutiques qui ont évolué. Par exemple, les irradiations en Y inversé utilisées antérieurement pour traiter les lymphomes hodgkiniens, les chimiothérapies MOPP, ne concernent pas des patients traités récemment. Les risques de SCP du sein et du poumon après traitement par radiothérapie pour maladie de Hodgkin ne sont plus d’actualité. Les irradiations sont plus parcellaires, les chimiothérapies plus légères. C’est également le cas pour les risques plus élevés de leucémies aiguës en SCP qui ont été associés aux traitements par anthracycline.
« Il est important de considérer que beaucoup des études sur lesquelles reposent ces risques particuliers sont américaines et anciennes », commente pour « le Quotidien » le Pr Agnès Buzyn, présidente de l’INCa. « Mais le message reste le même », souligne la spécialiste. « Une prévention doit être instaurée après un cancer et pas seulement avant. »
Le rapport « Identifier et prévenir les risques de second cancer primitif » est disponible sur le site de l’INCa à l’adresse www.e-cancer.fr.
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