En 2016, la Ligue contre le cancer a investi 38,9 millions d’euros dans la recherche sur le cancer. Elle a labellisé 99 équipes de recherche fondamentale, leur apportant ainsi un soutien financier pour une période initiale de cinq ans, puis de trois ans pour les labellisations suivantes.
Parmi les équipes labellisées en Rhône-Alpes, on retrouve par exemple celle de Catherine Massoubre, du CHU de Saint-Étienne. Son équipe a travaillé sur le suivi à long terme en région Rhône-Alpes des adultes guéris d’un cancer pédiatrique et sur l’impact de ce cancer sur leur santé psychique. L’étude SALTO1, coordonnée de 2011 à 2014, a notamment montré que la prévalence des troubles psychiatrique était plus élevée (56,2 % vs 31,9 %) chez les survivants de cancer comparativement à la population générale et ce, tout au long de la vie. Elle a mis en évidence que les troubles de l’humeurs touchent 27,7 % des survivants de cancer contre 14,9 % de la population générale et que les troubles anxieux en concernent 39,2 % contre 24,8 % en population générale.
Devenir psychologique
L’étude SALTO2 a pour objectif de connaître le devenir psychologique des jeunes adultes ayant survécu à un cancer pédiatrique diagnostiqué en région Rhône-Alpes entre 1993 et 1999. Les résultats préliminaires ont confirmé une prévalence plus élevée des troubles psychiatriques, en particulier anxieux et dépressifs dans cette population, même à distance de la maladie. Les principaux troubles retrouvés sont les troubles anxieux dont le trouble anxieux généralisé, la phobie sociale et l’agoraphobie, mais aussi des troubles de l’humeur, essentiellement des épisodes dépressifs majeurs, ainsi que des conduites à risques. Les facteurs de risque potentiels sont en cours d’exploration (âge au diagnostic, séquelles, types de pathologies, types de traitement). L’objectif secondaire de l’étude porte sur l’amélioration de la santé psychique de ces jeunes grâce à la mise en place d’un dispositif de suivi adapté.
Leucémies à mégacaryoblastes
Parmi les équipes labellisées dans d’autres régions, celle de Thomas Mercher, chercheur INSERM à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif, travaille sur les leucémies à mégacaryoblastes, qui représentent environ 1 % de toutes les leucémies pédiatriques. Ses recherches ont permis d’identifier plusieurs anomalies moléculaires et mutations associées à ces leucémies. L’anomalie la plus fréquemment relevée est une fusion de deux gènes qui provoque l’expression d’une protéine dite « chimérique » anormale, appelée ETO2-GLIS2. Celle-ci perturbe le processus de maturation des cellules à l’origine des plaquettes sanguines et contribue directement au développement de la maladie. Chez la souris, Thomas Mercher et ses collègues ont montré qu’il était possible de bloquer l’activité délétère de la protéine ETO2-GLIS2 et d’empêcher le développement de la maladie à l’aide d’un peptide. L’utilisation de ce peptide n’est pas possible chez l’humain car il n’est pas stable, mais les chercheurs sont donc en quête d’un autre peptide pouvant ouvrir la voie au développement d’une thérapie ciblée chez l’humain.
Un prix de thèse
La Ligue contre le cancer a aussi remis le prix de la 10 000e thèse à Victoire Cardot, chercheuse INSERM-CNRS au Centre de recherche en cancérologie de Lyon (CRCL). Ses travaux portent sur l’adénocarcinome du pancréas, tumeur très agressive dont l’incidence est en forte augmentation et dont le pronostic est très mauvais. « Autour du pancréas, il y a un tissu nourricier et de soutien, le stroma, très abondant, qui contient beaucoup de facteurs de croissance TGF-β. Le TGF-β est pro-tumoral, explique Victoire Cardot. Nous avons élaboré des modèles animaux spécifiques pour étudier les relations complexes entre le stroma et les cellules cancéreuses. ». Ils ont permis de montrer un lien entre la surproduction de TGF-β et la perte de masse et de force musculaire (sarcopénie) associée au cancer du pancréas. « Nous sommes également associés à des études cliniques* cherchant à établir si l’activité physique peut être un soin de support dans le cancer du pancréas et si en augmentant sa masse musculaire on peut rétablir la qualité de vie du patient », souligne Victoire Cardot.
* Etudes cliniques menées par le Pr Pascal Hammel, Hôpital Beaujon, Paris et le Dr Cindy Neuzillet, Hôpital Henry Mondor, Créteil.
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