La Haute Autorité de santé (HAS) publie le premier volet d'une évaluation visant à se prononcer sur une éventuelle intégration dans le dépistage organisé du cancer du sein (DO).
Si l'agence sanitaire conclut à un meilleur taux de détection des cancers (in situ et invasifs) d'après l'analyse des études internationales, elle estime que « cette technologie soulève cependant plusieurs interrogations », qui seront examinées dans le second volet d'ores et déjà lancé.
La tomosynthèse est une technique d'imagerie qui, appliquée à la mammographie, permet d'obtenir un cliché numérique en trois dimensions à partir d'images du sein obtenues sous différentes coupes. Cette technique est souvent présentée comme une « mammographie en 3D », même si en réalité l'appareil ne tourne que de façon limitée autour du sein. L'image totale est reconstruite à l'aide d’un algorithme mathématique à partir des projections obtenues.
À ce jour, aucun pays n'a intégré la tomosynthèse dans un DO
Aujourd'hui, si la mammographie par tomosynthèse n'est pas autorisée dans le DO du cancer du sein, elle est réalisée en France dans le cadre de démarches individuelles. C'est ainsi que l'Institut national du cancer (INCa) a saisi la HAS en 2017 pour qu'elle évalue la performance de cet examen d'imagerie ainsi que « la pertinence de son intégration dans le programme de DO du cancer du sein chez les femmes à risque modéré ».
Dans ce premier volet, il est indiqué qu'aucun pays disposant d'un DO ne préconise d'utiliser en routine la mammographie par tomosynthèse, seule ou en association avec la mammographie numérique, dans le cadre d'un programme organisé.
Quant à l'analyse critique de la littérature, elle s'est basée sur 4 méta-analyses, trois essais randomisés et trois études en crossover, publiés au cours de ces cinq dernières années. Toutes les données concordent sur le fait que la tomosynthèse améliore le taux de détection par cancer du sein par rapport à la mammographie seule.
Réponse définitive fin 2020
Néanmoins, l'analyse de la littérature laisse plusieurs questions en suspens :
– si la mammographie par tomosynthèse a une performance intrinsèque et clinique, ainsi qu'une efficience supérieure ou égale au DO tel qu'il est mis en œuvre en 2019 en France ;
– quelle place accorder à la tomosynthèse dans la procédure de dépistage et selon quel protocole (échographie, mammographie synthétique, modalités de seconde lecture) ;
– si le fait d'intégrer la tomosynthèse dans le DO permet d'améliorer le surdiagnostic et le surtraitement ;
– l'homogénéité de performance d'une machine à l'autre (diversité des dispositifs et des fabricants).
Faut-il intégrer, oui ou non, la tomosynthèse dans le DO tel qu'il est organisé en France ? Si oui, comment la positionner le cas échéant ? Les réponses à l'ensemble de ces questions devraient être publiées dans le volet 2 pour la fin d'année 2020, annonce la HAS.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?