Attirer et fidéliser le personnel médical et soignant est une problématique essentielle, à laquelle n’échappe pas l’Institut Curie, comme tous les autres établissements dédiés à la prise en charge du cancer.
Des difficultés de recrutement
« Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés de recrutement que les autres pour certains profils particuliers : les radiothérapeutes, les anatomopathologistes, les manipulateurs en radiologie, les physiciens en radiothérapie, les infirmières notamment de nuit… Globalement, on peut évaluer à 6 % la proportion de personnels qui nous font défaut », indique le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie.
Cette tension est particulièrement forte en région parisienne. « Il est plus difficile d’y recruter, notamment en raison du coût de la vie et des logements. Le temps de transport est aussi un facteur défavorable. Je mesure bien l’écart avec la province où je travaillais il y a encore un an et demi », précise le Pr Le Gouill.
Une des raisons de la pénurie de personnel est aussi le déficit d’étudiants. Certaines formations sont aujourd’hui un peu à la peine. Par exemple, tous les postes de pharmacie ne sont pas pourvus au concours. « À la sortie de certaines promotions d’Institut de formation en soins infirmiers, il arrive aussi que 30 % des étudiants aient quitté le cursus en cours de route », observe le Pr Le Gouill.
Restructuration et revalorisation des salaires
Il s’avère nécessaire de réorganiser certaines activités ou d’aménager le parcours de soins des patients. « Nous faisons davantage de chirurgie ambulatoire et avons développé les lits d’hôpital de jour, poursuit le directeur. Nous avons aussi procédé à quelques ajustements pour la prise en charge des patients sur nos trois sites de radiothérapie à Paris à Paris, Orsay et Saint-Cloud », indique-t-il.
Un effort particulier a aussi été fait sur la politique salariale des paramédicaux. « Nous n’avons pas agi sur les primes mais bien sûr les salaires, qui ont été revus à la hausse notamment pour les infirmières, selon un modèle valorisant leurs compétences. Cela s’est fait en concertation avec les organisations syndicales, avec lesquelles nous avons un dialogue direct et apaisé », estime le Pr Le Gouill.
Pour une meilleure qualité de vie au travail
Il est également indispensable de redonner de l’attractivité aux métiers de la santé, et cela ne passe pas uniquement par la revalorisation des salaires. « C’est un point important bien sûr mais il faut aussi agir sur d’autres leviers : la question du sens et de la qualité de vie au travail, la progression de carrière ou les changements au cours de celle-ci. C’est un aspect essentiel en matière de gestion des ressources humaines. Les médecins d’hier ne sont plus ceux d’aujourd’hui », constate le Pr Le Gouill. En effet, un médecin qui sort du clinicat n’a pas forcément les mêmes envies qu’un praticien hospitalier (PH) ou qu’un professeur des universités PH de 50 ans. Aujourd’hui, il est essentiel d’accompagner les professionnels tout au long de leur carrière.
« Un facteur d’attractivité important pour les jeunes médecins est de pouvoir faire de la recherche et d’avoir accès à l’innovation. Pour les fidéliser, il faut aussi être attentif aux mutations qui ne concernent pas uniquement la médecine. Les nouvelles générations veulent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Elles ne souhaitent pas forcément travailler moins, mais différemment. En fait, les jeunes médecins ont la même ambition de réussir leur vie personnelle et professionnelle », souligne le Pr Le Gouill.
D’après un entretien avec le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie
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