C'est un feuilleton dont nos lecteurs se seraient sûrement passés. Aussi faut-il se féliciter que le ministère de la Santé soit décidé à trouver une issue à la vive polémique qui oppose le corps médical à certains patients autour de supposées formes chroniques de la maladie de Lyme. De nouvelles recos sont annoncées pour cet été. Garantiront-elles un retour au consensus ? Rien ne permet encore de l’assurer, car les précédentes tentatives de médiation ont toutes échoué. En juin 2018, le compromis tenté par la HAS lui avait aliéné la plupart de ses experts. Un an plus tard, la désignation des cinq centres de références dédiés aux borrélioses avait été critiquée, cette fois par les associations de patients. La justice a été mêlée à l'affaire avec la mise en cause d'un infectiologue du CHU de Dijon. Et ces derniers mois, le débat s'est déporté vers le Parlement, plusieurs députés (non médecins pour la plupart) prenant des initiatives visant à donner de l'écho au mouvement.
L'affaire met en opposition la quasi-totalité de la communauté scientifique (24 sociétés savantes signataires des recos de la SPILF) face à une myriade d'organisations de malades persuadées qu'on se trouve confronté à une véritable crise sanitaire, sous-estimée par les pouvoirs publics et par les praticiens. Un casse-tête pour les autorités sanitaires. Tous les ingrédients sont là pour rendre la situation explosive : hausse du nombre de cas, militants remontés, effet amplificateur des réseaux sociaux, et même recours aux médecines parallèles… Pour la HAS comme pour le ministère de la Santé, l'équation paraît insoluble. L'affaire est révélatrice de la montée en puissance des usagers du système de soins. Avec une dimension géopolitique qui n'arrange rien : les protestataires sont souvent issus de la ruralité. Un paramètre, qui, en creux, réveille aussi le débat sur l'accès aux soins dans les zones sous-dotées…
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