DEVANT la flambée des cancers oropharyngés à cellules squameuses aux États-Unis (et ailleurs dans le monde) on manquait des données épidémiologiques sur le principal responsable actuel : l’infection à papillomavirus. Une vaste enquête a été entreprise Outre-Atlantique, qui montre une prévalence de l’infection dans 6,9 % de la population des 14 à 69 ans. Ce qui corrobore l’élévation spectaculaire des cancers ORL à HPV qui sont passés, entre 1988 et 2004, de 0,8 à 2,6 pour 100 000, soit 225 % d’augmentation.
Maura L. Gillison (Colombus) et coll. ont mené leur enquête de prévalence à partir de la cohorte «National Health and Nutrition Examination Survey» (NHANES), entre 2009 et 2010. Les participants, des deux sexes, étaient examinés dans des centres mobiles. Les 5 579 participants fournissaient le produit de 30 secondes de rinçage et gargarisme. Les HPV étaient typés par réaction de polymérisation en chaîne et hybridation spécifique.
Deux pics d’infection.
Si la prévalence des HPV s’établit donc à 6,9 %, 1 % de tous les prélèvements montraient un HPV de type 16 oncogène. L’équipe a constaté deux pics d’infection, modulés par l’âge. Chez les 30-34 ans, ils ont relevé 7,3 % d’infections et, chez les 60-64 ans, 11,4 %. Globalement, les hommes étaient significativement plus porteurs du virus que les femmes, avec une prévalence de 10,1 contre 3,6 %, quel que soit le sérotype.
L’origine sexuelle de la contamination semble se confirmer puisque la présence d’un HPV était bien moins fréquente chez les participants déclarant une absence de relations sexuelles, 0,9 %, que chez ceux ayant de tels contacts, 7,5 %. En outre, la prévalence du virus avait tendance à augmenter avec le nombre de partenaires. Enfin, une tendance similaire apparaît en fonction du nombre de cigarettes fumées quotidiennement.
Ces associations avec l’âge, le sexe, le nombre de partenaires, le tabagisme sont indépendantes les unes des autres.
Le constat est donc en accord avec l’augmentation d’incidence attribuée à des modifications des comportements sexuels depuis les années 1950. Surtout, ces conclusions ouvrent à nouveau le débat sur la vaccination des garçons contre les HPV. Actuellement, seules les jeunes filles sont concernées par les recommandations. Les auteurs se montrent conscients qu’en l’absence de données sur l’efficacité vaccinale contre les HPV oropharyngés, une telle suggestion ne peut être faite. En revanche, ils insistent sur la nécessité de mettre en place des essais chez des jeunes garçons, d’autant que la population masculine est particulièrement concernée.
JAMA, doi:10.1001/jama.2012.101.
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