CETTE TECHNIQUE a été inventée, mise en œuvre et développée par le Pr Etienne Garin du CRLCC Eugène-Marquis de Rennes et son équipe.
La radiothérapie interne vectorisée (RIV) des tumeurs hépatiques est basée sur l’administration directe au niveau de l’artère hépatique de microsphères contenant une forte quantité d’yttrium 90, permettant de délivrer une irradiation ciblée à la tumeur tout en minimisant l’irradiation des organes sains (foie non tumoral et autres organes). Cette approche thérapeutique est accessible à différents types de tumeurs hépatiques à condition qu’elles présentent une hypervascularisation : carcinome hépatocellulaire (CHC) et métastases hépatiques. Le traitement est réservé aux patients non opérables présentant une maladie localisée au foie et des fonctions hépatiques préservées.
Deux produits sont actuellement commercialisés : des microsphères de verre (TheraSphere®, Nordion Inc.) ou de résine (SIR Sphere® SIRTex Medical), ces produits présentant des caractéristiques et des profils d’efficacité et de toxicité différents. Le principe actif du traitement repose principalement sur l’irradiation tumorale et non sur un phénomène d’embolisation macroscopique.
La sélection des patients pouvant bénéficier du traitement est rigoureuse et repose sur un bilan pré-thérapeutique complet incluant une angiographie hépatique et une scintigraphie de perfusion hépatique. Ce bilan permet d’évaluer la vascularisation des tumeurs et de sélectionner le site optimal d’injection, ainsi que d’identifier les patients à risque de complication, en particulier gastroduodénale ou pulmonaire.
Une dosimétrie pré-thérapeutique précise, basée sur la scintigraphie de perfusion hépatique, permet maintenant une approche thérapeutique totalement personnalisée avec la possibilité, pour les microsphères de verre, de prédire la réponse et d’adapter la dose à injecter en fonction des caractéristiques tumorales de chaque patient (Garin, JNM 2012).
Une technique en développement.
Dans les CHC non opérables, les taux de réponse pour les microsphères de verre, en prenant en compte la nécrose tumorale selon les critères de l’EASL se situent entre 40 et 75 %. La survie médiane dépend de façon majeure de la sévérité de la cirrhose et de la classification de BCLC ; elle varie de 7 à 27 mois. En cas de thrombose porte, la médiane de survie après traitement se situe entre 10 et 14 mois. En situation néoadjuvante, la RIV est plus efficace et mieux tolérée que la chimioembolisation, et permet dans certains cas de pouvoir envisager un geste chirurgical après réduction de la masse tumorale.
Dans le cas des métastases hépatiques deux études randomisées ont démontrés la supériorité en termes de survie d’une association microsphères de résine + chimiothérapie par rapport à un traitement par chimiothérapie seule.
Les complications sévères sont rares : ulcère gastroduodénal, décompensation des fonctions hépatiques, cholécystite aiguë et pneumopathie sont exceptionnelles.
L’utilisation de cette technique est en développement et le produit n’est pas encore remboursé en France (à la différence de plusieurs pays européens). Il existe actuellement deux sites référents (Centre Eugène-Marquis, Rennes et hôpital Beaujon, Clichy) et une quinzaine de centres en France ayant accès à cette technique innovante, dont prochainement la Clinique Geoffroy Saint-Hilaire à Paris.
Références :
1) Garin E et al. 99mTc-MAA SPECT/CT based dosimetry accurately predicts tumour response and survival in HCC patients treated with 90Y-loaded glass microspheres: preliminary results. J Nucl Med 2012;53(2):255-63.
2) Buthiau D , Khayat D et al. CT and MRI in Oncology. Springer-Verlag (2nd edition, in press)
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