Un « œil numérique » pour éviter les erreurs lors de la préparation des chimiothérapies. L’appareil, déjà utilisé par plusieurs centres hospitaliers français, est issu de la collaboration entre Benoît Le Franc, pharmacien au centre hospitalier de La Rochelle, et Loïc Tamarelle, informaticien cofondateur avec Benoît Le Franc de la société Eurekam.
Drugcam, un système d’analyse vidéo, réponds au problème de la préparation de chimiothérapies anticancéreuses injectables, qui doivent être préparées de façon personnalisée au jour le jour, sans automatisation possible. En théorie, pour éviter toute erreur qui pourrait s’avérer fatale, une seconde personne doit être présente pour un contrôle visuel.
« C’est le minimum, mais souvent ça n’est pas fait », déplore Benoit Le Franc. « Les niveaux de sécurité sont très aléatoires dans les centres hospitaliers, les contrôles d’inspection sont rares… moi par exemple, je n’ai pas été contrôlé depuis 10 ans ». Il existe également une « volonté du milieu de promouvoir les contrôles chimiques, compliqués et dangereux pour le préparateur ». L’idée est alors née, en 2009, de remplacer le double contrôle visuel par un œil numérique.
Une innovation high-tech
Le DrugCam promet de « réduire le risque d’erreur » : Le bon produit, au bon patient, à la bonne dose. Elle est composée de deux modules : Drugcam Assist, qui assiste le préparateur pendant la manipulation et contrôle les phases clefs, et Drugcam Control, qui permet après au pharmacien de libérer à distance les préparations.
Le préparateur présente chaque élément qu’il va utiliser devant une caméra équipée d'un lecteur numérique qui va lire le code-barres ou le QR code s’il y en a un, ou reconnaître le produit en le comparant à une base de données. En pratique, le préparateur montre par exemple à la caméra le flacon de produit qu’il va utiliser. Le logiciel valide ou non son choix. Ensuite, s’il prélève à la seringue le produit, il doit la montrer à l’appareil, qui vérifie de visu que le bon volume a été prélevé. Enfin, il doit présenter l’étiquetage au nom du patient. En cas d’erreur, une tête de mort apparaît sur l’écran, et ne disparaît qu’une fois que l’erreur a été corrigée.
Le principal obstacle qu’il a fallu surmonter lors du développement de la Drugcam : lire un volume dans une seringue. « C’est une vraie innovation française ! Dans le monde, personne ne sait faire ça sauf nous. » se félicite Loïc Tamarelle.
Une quinzaine de centres hospitaliers
Le produit a été développé avec l'université de La Rochelle, et le prototype a été testé dans des centres possédant différentes capacités : « à l’hôpital Jacques-Monod au Havre, où on est à 10 000 préparations par an, à l'institut Paoli-Calmette de Marseille, où on est environ à 50 000, et au centre hospitalier de La Rochelle, qui est entre deux, à 25 000. » précise Loïc Tamarelle. Selon Benoit Le Franc, en deux ans d’utilisation à La Rochelle, le système a permis d’éviter environ une erreur par semaine.
Une quinzaine de centres hospitaliers sont déjà équipés de la Drugcam, comme la Pitié Salpêtrière, Clermont-Ferrand, ou l'Oncopole de Toulouse. « Lors de la mise en place du dispositif, il y a toujours des petits blocages, mais c’est plus de la résistance au changement qu’autre chose, rassure Loïc Tamarelle. À l’utilisation, le doute disparaît. »
Benoit Le Franc regrette : « ceux qui s’équipent ont tendance à le faire en catimini. » Selon lui, le projet a été peu soutenu : « on a dû se battre comme des chiens. » La faute selon lui à un système très hiérarchisé où les innovations doivent venir d'en haut. Une résistance qu’il trouve « dommage », pour une innovation high-tech française. « On aurait besoin d’être plus soutenus. »
S’exporter semble moins compliqué : des hôpitaux canadiens et américains souhaiteraient acquérir la DrugCam. « Les Américains sont très sensibles à la preuve par l’image. », selon Loïc Tamarelle. « Ils sont prosaïques », ajoute Benoît Le Franc « si ça marche, ils le veulent. »
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