Des évènements de radioprotection en forte hausse en 2024

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Publié le 27/05/2025
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Le rapport 2024 présenté par l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) au Parlement montre que les évènements recensés sont en hausse, principalement en scanographie et en médecine nucléaire qui est actuellement en plein essor.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

En 2024, le nombre d’évènements significatifs pour la radioprotection a augmenté de 26 % – 827 évènements contre 655 en 2023 – après des années de relative stabilité, révèle l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) lors d’une audition devant l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques (Opecst).

Depuis 2010, l’origine de ces incidents a énormément évolué : il y a 15 ans, la grande majorité étaient rapportés dans le cadre de la radiothérapie (256 sur 421), mais c’est désormais la médecine nucléaire, thérapeutique et diagnostique (324 évènements en 2024 sur les 827) et la scanographie (253) qui se disputent la première place du podium.

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Les patients restent les premiers exposés aux conséquences de ces évènements. Le rapport de l’ASNR évoque notamment des erreurs de latéralisation au cours de radiothérapies, ou de dosage lors de l’utilisation de radionucléotides. La non-prise en compte de traitements précédents est également citée, comme en juin 2024 au centre Oncorad Garonne à Toulouse, où un patient a subi une ré-irradiation pelvienne. Les expositions de personnel sont, elles, principalement liées à des contaminations internes ou externes lors de la manipulation de sources radioactives au cours des actes, mais aussi à l’occasion d’opérations de maintenance d’appareils émetteurs de rayonnements ionisants.

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Le nombre de déclaration d’exposition fortuite in utero d’embryon ou de fœtus a presque doublé en médecine nucléaire en 2024 par rapport à 2023. C’est la première fois que ce nombre, dans cette spécialité, dépasse celui de la radiologie interventionnelle. Une prise en charge thérapeutique avec des rayonnements ionisants implique des doses plus élevées que lors d’une utilisation diagnostique, susceptible de dépasser les 100 mGy, seuil à partir duquel il est possible de décider une interruption volontaire de grossesse.

Pour la Dr Géraldine Pina, commissaire au collège de l’ASNR, il y a très probablement une sous-déclaration en France : « Il y a un manque de culture de la radioprotection en France, et notamment dans des domaines où la médecine nucléaire est récente. » Lors des inspections menées par l’ASNR en 2024, plusieurs établissements n’avaient pas déclaré l’acquisition de nouveaux matériels, ni le déplacement d’équipements impliqués dans la médecine nucléaire. Par ailleurs, « on demande la justification de chaque acte, et elle n’est pas toujours fournie », déplore la Dr Pina.


Source : lequotidiendumedecin.fr