Maladie fréquente dans laquelle il existe une forte corrélation entre le stade évolutif et le pronostic, le cancer bronchopulmonaire est donc un très bon candidat au dépistage.
Lorsque qu’il est découvert tardivement, au stade métastatique, la médiane de survie est d’environ un an. À l’inverse, à un stade précoce (stade 1, tumeur ≤ 2 cm), la résection chirurgicale permet une survie à 10 ans chez plus de 80 % des patients. « Ce ce cancer reste longtemps latent avant de devenir cliniquement parlant, de plus il est relativement facile de déterminer les sujets à risque, puisqu’en Europe, 80 à 90 % des cancers pulmonaires sont attribuables au tabagisme », indique le Dr Bernard Milleron, président honoraire de l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFTC), Tenon, Paris.
La recherche depuis les années 1970 a été très active dans ce domaine. « Il a été montré dans une premier temps que la radiographie pulmonaire ou la cytologie des crachats permettaient de détecter des stades précoces, mais ensuite des études randomisées (notamment PLCO) ont démontré que la mortalité spécifique de la maladie n’était pas changée », explique le Dr Milleron.
Scanner low dose
L’essai randomisé américain National Lung Screening Trial (NLST), publié en 2011 (1), comparant le dépistage par scanner low dose à une radiographie du thorax, dans une population à haut risque, soit53 000 sujets, dépistés annuellement pendant 3 ans, a permis de montrer une diminution de la mortalité spécifique par cancer bronchopulmonaire de 20 % ainsi qu’une diminution de la mortalité globale de 6,7 %. « C’est pour l’instant le seul essai disponible de grande ampleur, c’est également le seul positif. D’autres résultats ont été publiés depuis 2011, mais il s’agit d’essais à faible effectif. Plusieurs autres études sont en cours mais aucune ayant l’ampleur de l’essai NLST n’est attendue dans les années qui viennent », ajoute le Dr Milleron.
Ces données ont conduit pratiquement toutes les sociétés savantes des États-Unis et du Canada à émettre des recommandations pour un dépistage individuel réservé à une population à haut risque. En France, un avis d’experts va dans le même sens (2) mais le scanner n’est pas encore remboursé alors qu’il l’est aux États-Unis pour les personnes qui ont les critères précis du NLST. La HAS a été saisie de cette question. De nombreux points restent encore débattus concernant le rapport coût/efficacité, l’irradiation potentielle, le rythme et la durée des scanners, la qualité de vie, le tabagisme…
Cellules circulantes
Récemment, l’étude publiée dans la revue Plos One par l’équipe du Pr Paul Hofman de Nice a montré qu’il était possible de détecter des cellules tumorales circulantes dans le sang de sujets chez qui aucun nodule suspect ne pouvait être repéré par scanner. Et elles peuvent être prédictives d’un cancer du poumon survenant dans les 4 ans. Mais il n’y avait qu’un faible nombre de sujets inclus et les patients étaient hospitalisés pour BPCO, il ne s’agissait donc pas de sujets sains et d’autres études sont nécessaires. « Cela ouvre des perspectives intéressantes et prometteuses, commente le Dr Milleron. Cette technique innovante pourrait également être utile en association au scanner thoracique pour réduire le nombre de faux positifs. »
D’après un entretien avec Bernard Milleron (Tenon, Paris)
(1) Aberle DR et al. NEJM 2011 Aug 4;365(5):395-409
(2) Girard N et al. Revue des Maladies Respiratoires 2014;31:91-103
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