Depuis le 4 juillet, le Royaume-Uni a entamé la levée progressive du confinement mis en place au cours du mois de mars. Cet épisode de la lutte contre l'épidémie de Covid-19 pourrait avoir des conséquences importantes sur la mortalité par cancer au cours des cinq prochaines années, selon une estimation publiée lundi 20 juillet dans le « Lancet Oncology ».
Les chercheurs du King's College et de l'école d'hygiène et de médecine tropicale de Londres ont établi plusieurs scénarios basés sur les données disponibles concernant les perturbations occasionnées par le confinement : interruption du dépistage organisé et désorganisation du parcours diagnostique qui n'a pu être correctement assuré que pour les cas urgents et symptomatiques.
Ces scénarios ont été virtuellement appliqués à une cohorte établie à partir des dossiers médicaux contenus dans la base de données administrative hospitalière du National Health Service (NHS). Cette cohorte est composée de patients âgés de 15 à 84 ans, chez lesquels un diagnostic de cancer du sein (32 583 patients), de cancer colorectal (24 975 patients) ou de l'œsophage (6 744 patients) a été établi au cours de l'année 2010, ou chez lesquels un cancer du poumon (29 305 patients) a été établi au cours de l'année 2012.
Diagnostic tardif
Les auteurs sont partis de l'hypothèse que les patients qui ont subi les conséquences des perturbations de la filière oncologique liées au Covid-19 pouvaient être assimilés aux patients de la cohorte ayant eu un diagnostic tardif et donc un pronostic péjoratif.
Selon leurs estimations, un retard généralisé du diagnostic est associé à une augmentation de 7,9 à 9,6 % des décès par cancer du sein dans les cinq ans à venir, soit 281 à 344 décès supplémentaires. En ce qui concerne le cancer colorectal, 1 445 à 1 563 décès supplémentaires sont anticipés. De même, 1 235 à 1 372 décès supplémentaires par cancer du poumon et 330 à 342 décès supplémentaires par cancer de l'œsophage sont attendus.
60 000 années d'espérance de vie en moins
Pour ces quatre localisations, les auteurs estiment que 3 291 à 3 621 patients supplémentaires mourront dans les cinq ans à cause des perturbations occasionnées par l'épidémie de Covid-19 et du confinement décrété par le gouvernement, soit environ 60 000 années d'espérance de vie de perdues.
« Des mesures doivent être prises d'urgence pour rattraper le retard pris pendant le confinement en ce qui concerne le dépistage et le diagnostic des cancers afin de réduire l'impact prévisible de la pandémie de Covid-19 sur nos patients », concluent les auteurs. Ils proposent notamment d'accompagner le déconfinement de campagnes de communication ciblées incitant les patients à se faire dépister, ce qui ne sera pas possible « sans une difficile montée en puissance des capacités diagnostiques » du pays, concèdent-ils.
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