L’ajout de l’abiratérone au traitement standard (hormonothérapie et chimiothérapie) permet de prolonger non seulement la survie sans progression de deux ans et demi, mais aussi la survie globale des patients atteints de cancer de la prostate d’emblée métastatique hormonosensible (CPMHS). Ces résultats, issus de l'essai européen PEACE-1 et divulgués ce week-end au congrès européen de cancérologie (ESMO), ont été présentés par le Pr Karim Fizazi (Gustave-Roussy, Villejuif)*, investigateur principal de l'étude.
Avec 4 000 à 5 000 nouveaux cas par an en France, les formes métastatiques d’emblée représentent environ 10 % des cancers de la prostate. Mais, « aucun progrès flagrant n’a eu lieu jusqu'en 2015 dans ces tumeurs », reconnaît le Pr Fizazi. Depuis, la chimiothérapie par docétaxel, l’hormonothérapie de nouvelle génération par abiratérone, puis la radiothérapie dirigée, sont venues améliorer la survie. Mais peut-on conjuguer ces traitements ?
Dans l'objectif de répondre à cette question, l’étude internationale PEACE-1 a inclus 1 173 patients, chez lesquels le diagnostic de CPMHS a été posé d'emblée. Les participants recevaient un traitement standard (chimiothérapie par docétaxel et hormonothérapie traditionnelle) soit seul, soit associé à l’abiratérone, soit à la radiothérapie, soit aux deux thérapies. Les données présentées au congrès de l’ESMO, sur 710 patients, ont porté sur les deux premiers bras de l’étude, permettant d’évaluer l’apport de l’abiratérone au traitement standard hormonothérapie + chimiothérapie. Quant aux deux bras avec radiothérapie, un suivi à plus long terme est nécessaire pour évaluer les résultats.
Un bénéfice impressionnant
« Les résultats montrent un bénéfice en termes de survie sans progression (SSP) très impressionnant pour ces patients », relève le Pr Fizazi. En effet, la SSP se prolonge de 2 à 4,5 ans grâce à la triple association (HR = 0,50, p < 0,0001), soit un gain de 2,5 années. Si ces résultats avaient déjà été présentés en juin au congrès américain d’oncologie (ASCO), la survie globale (SG) était très attendue. Enfin divulguée ce dimanche, elle révèle une réduction de 25 % du risque de décès avec l’ajout de l’abiratérone (SG non atteinte pour la triple association versus 4,4 ans pour le traitement standard, HR = 0,75, p = 0,017).
« Concernant les formes les plus graves (nombreuses métastases osseuses, hépatiques ou pulmonaires), on passe de 3,5 à plus de 5 ans grâce à la trithérapie (3,5 versus 5,1 ans, HR = 0,72, p = 0,019), soit plus de 18 mois de survie supplémentaire pour ces patients ayant les cancers les plus agressifs », pointe le Pr Fizazi.
Un profil de tolérance favorable
« La tolérance de la chimiothérapie n’est globalement pas aggravée par l’adjonction de l’abiratérone, même au contraire, note le Pr Fizazi. Il faut cependant surveiller la kaliémie et les enzymes hépatiques. » Par contre, davantage d’hypertension artérielle, de grade 3 à 5, a été rapportée avec la triple combinaison (13 % versus 22 %).
Autre avantage, d’un point de vue financier : le générique de l’abiratérone, déjà utilisé dans d’autres pays, pourrait arriver prochainement en Europe.
D’autres thérapies à l’étude ?
« Dans les cancers de la prostate réfractaires, on vient de démontrer cette année l’efficacité du PSMA-Lutetium, qui cible la protéine PSMA avec un radioisotope, ajoute le Pr Fizazi. Ce traitement est efficace dans les formes graves et très avancées. Il est tout à fait possible de l’évaluer chez des patients d’emblée métastatiques. »
Par ailleurs, en cas de mutations BRCA 1 ou 2, un inhibiteur de PARP a révélé son bénéfice chez les patients en échec thérapeutique. Son utilisation plus précoce, dans les formes métastatiques d’emblée, s’avère également une nouvelle alternative thérapeutique à étudier.
* D’après la conférence de presse d’Unicancer (20/09/2021) et la présentation du Pr Karim Fizazi au congrès de l’ESMO (19/09/2021).
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