En 2020, près de 1,2 million de cas de cancers de la peau non-mélanome (NMSC) ont été signalés dans le monde, contre 324 635 cas de mélanome. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les NMSC représentaient 78 % de tous les cas de cancers de la peau, entraînant plus de 63 700 décès, alors que le mélanome a causé environ 57 000 décès au cours de la même année.
Mais les chercheurs pensent que le NMSC est sous-déclaré, et que ses conséquences réelles pourraient être encore plus élevées que dans les estimations. « Le NMSC étant souvent sous-déclaré dans les registres du cancer, il est difficile de mesurer le véritable fardeau qu’il représente », souligne le Pr Thierry Passeron (CHU de Nice), qui présentait une étude à ce sujet en tant qu’auteur principal, lors du congrès européen de dermatologie (EADV), le 11 octobre dernier à Berlin (1).
Même les personnes à peau foncée
Certains groupes sont plus à risque de NMSC : les personnes âgées, celles à peau claire, les adeptes du bronzage artificiel, les personnes travaillant à l’extérieur, les greffées, recevant des immunosuppresseurs et celles souffrant de xeroderma pigmentosum.
Une incidence élevée de NMSC a été observée chez les populations âgées à la peau claire aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, en France, en Australie et en Italie. Toutefois, même les pays présentant une forte proportion de phénotypes foncés ne sont pas à l’abri du risque de décès par NMSC : il y a eu 11 281 décès par cancers cutanés en Afrique, en 2020. Le taux de mortalité liée aux cancers de la peau est 6,8 fois plus élevé en Afrique et en Asie que dans les autres parties du monde.
« Nous devons faire passer le message que le mélanome n’est pas le seul à être mortel : le NMSC l’est aussi, et les phénotypes élevés ne sont pas épargnés. Il est nécessaire de mettre en œuvre des stratégies efficaces pour réduire le nombre de décès liés à tous les types de cancers de la peau », souligne le Pr Passeron.
Par ailleurs, l’étude ne démontre pas de manière évidente que le fait de disposer de davantage de dermatologues par habitant pourrait parvenir à diminuer la mortalité des cancers de la peau. Les pays tels que l’Australie, le Royaume-Uni, la Canada, qui ont moins de dermatologues, ont le plus faible rapport incidence/mortalité. Il conviendrait d’explorer et de s’inspirer des stratégies développées dans ces pays, lesquelles passent par une plus grande implication des médecins généralistes et d’autres professionnels de santé dans la détection des cancers cutanés.
Approfondir le potentiel de l’IA dans la détection des cancers cutanés
Une autre étude présentée lors du congrès, portant sur 22 356 patients susceptibles de cancer de la peau suivis sur une période de 2,5 ans, a montré une amélioration significative de la détection du cancer de la peau grâce à un logiciel d’IA, atteignant un taux de détection de 100 % pour le mélanome (2). 99, 5 % de tous les cancers cutanés et 92,5 % des lésions précancéreuses ont été détectés.
Bien que les données soient encourageantes, l’équipe de recherche note que l’IA ne devrait pas être utilisée comme outil de détection autonome, sans le soutien d’un dermatologue. Parmi les 190 cas de carcinome basocellulaire, un seul a été omis par l’IA, qui a ensuite été identifié, lors d’une deuxième lecture, par un dermatologue. Cela démontre une fois de plus, la nécessité d’une surveillance clinique appropriée de l’IA.
(1) EADV 2023. Salah S et al. A comprehensive analysis of global skin cancer incidence and mortality with a focus on dermatologist density and population risk factors
(2) EADV 2023. Andrew K et al. Continued improvement of artificial intelligence in identifying skin cancer.
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