Dans une étude publiée dans « Nature », des chercheurs du centre de recherche en cancérologie du Memorial Sloan Kettering et du laboratoire pharmaceutique BioNTech publient les premières données chez l'homme d'une toute nouvelle approche : un vaccin à ARNm personnalisé capable d'entraîner une réaction immunitaire spécifiquement dirigée contre la tumeur du patient, afin d'empêcher la récidive après résection chirurgicale.
Le cancer du pancréas reste l'un des cancers au pronostic le plus mauvais. Selon une étude récente réalisée sur 912 patients français, le taux de survie à 3 ans est de 35 % en cas de tumeur non métastatique et opérable, et de 10 % autrement. Différentes approches sont en développement pour les vaccins thérapeutiques contre les cancers : la technique ARNm mais aussi des candidats basés sur des virus, notamment par la biotech française Transgene dans les tumeurs ORL.
Des patients atteints d'adénocarcinome ductal du pancréas ont été recrutés dans cette étude de phase 1. Pour chacun d'entre eux, ont été sélectionnés des ARNm qui codent pour plusieurs néoantigènes vaccinaux (jusqu'à 20 par patient) correspondant à des protéines de surface tumorales. Les ARNm sont encapsulés dans une lipoprotéine, la même que celle utilisée par BioNTech pour son vaccin Comirnaty dirigé contre le Covid-19.
Associé à une immunothérapie et une chimiothérapie
Le vaccin a été intégré à une séquence thérapeutique comprenant un anti-PD1 (l'atézolizumab) et une chimiothérapie par Folfirinox modifié (mFolfirinox) comprenant quatre molécules (acide folinique, fluorouracile, irinotécan et oxaliplatine). Sur les 28 patients opérés au cours de l'étude, seulement 19 ont pu commencer le traitement par anti-PD1, 16 ont reçu le vaccin, en moyenne neuf semaines après la chirurgie.
Les auteurs rapportent qu'une réaction lymphocytaire T importante a été constatée chez la moitié des 16 patients de l'étude. Les lymphocytes T « programmés » pour s'attaquer aux cellules tumorales représentaient jusqu'à 10 % du total des lymphocytes T des patients répondeurs.
Au bout d'un suivi de 18 mois, les patients qui répondaient au vaccin n'avaient pas encore atteint la durée médiane de survie sans rechute, tandis que celle des patients non répondeurs était de 13,4 mois.
Bien que le nombre de patients soit relativement faible, il s'agit de la plus grande étude jamais réalisée chez l'homme avec un vaccin ARNm anticancéreux. Les auteurs se réjouissent aussi de l'importance de la réaction immunitaire, en dépit de la chimiothérapie adjuvante.
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