DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE CANCER de la vessie, au quatrième rang des cancers masculins dans les pays développés, est le plus souvent diagnostiqué au stade superficiel. Ces tumeurs de la vessie n’envahissant pas le muscle vésical (TVNIM) sont traitées par résection endoscopique (transuréthrale). Et, selon leurs caractéristiques qui permettent de les classer en 3 groupes à risque (faible a élevé), un traitement adjuvant intravésical (chimiothérapie ou immunothérapie) peut être indiqué afin de réduire le risque de récidive.
Depuis 1976, la BCG-thérapie endovésicale, consistant en 6 instillations intravésicales hebdomadaires de BCG (bacille de Calmette et Guérin) commencées peu après la résection, reste le traitement adjuvant standard pour les tumeurs à moyen et haut risque.
Exemple du succès de l’immunothérapie en clinique, les instillations intravésicales de BCG (souche atténuée de Mycobacterium bovis) sont efficaces pour déclencher une inflammation et susciter une immunité anti-tumorale chez les patients ayant une TVNIM, avec un taux de réponse clinique de 50 à 70 %. Toutefois, les mécanismes d’action demeuraient imprécis.
Une équipe dirigée par Albert Matthew (Institut Pasteur, Paris) apporte des éclaircissements.
En utilisant un modèle murin, les chercheurs démontrent qu’après une seule instillation intravésicale, le BCG peut disséminer aux ganglions lymphatiques drainant la vessie et stimuler les cellules T productrices d’interféron. Toutefois, des instillations répétées de BCG vivant sont nécessaires pour obtenir une infiltration robuste des cellules T dans la vessie.
Meilleure survie sans récurrence.
Mais lorsque les souris sont immunisées par le BCG (injection sous-cutanée) trois semaines avant le début du traitement, la première instillation intravésicale déclenche une réponse inflammatoire plus robuste et une entrée accélérée de cellules T dans la vessie (comparé au protocole standard) ; de plus, après immunisation par BCG, le traitement intravésical d’une tumeur orthotopique produit une bien meilleure réponse (survie de toutes les souris à 70 jours, contre seulement 20 % sans immunisation préalable).
Confirmant ces données, les chercheurs ont constaté dans une étude d’observation que les patients qui ont un test cutané positif à la tuberculine PPD (Purified Protein Derivative ; test Mantoux) avant la BCG-thérapie ont une meilleure survie sans récurrence, comparés à ceux qui ont un test négatif.
« Les données obtenues à la fois dans notre modèle murin et chez les patients suggèrent qu’une immunisation parentérale (exemple intradermique comme cela se fait pour la vaccination anti-tuberculeuse) par le BCG quelques semaines avant d’initier la thérapie intravésicale standard pourrait permettre d’améliorer la réponse anti-tumorale », explique au « Quotidien » le Dr Albert Matthew. « Au vu des résultats cliniques publiés dans notre article, il semblerait que cette immunisation préalable soit d’autant plus importante pour les patients négatifs pour le test PPD (car seulement 45 % survivent sans récidive à cinq ans contre 80 % chez les patients positifs pour le test). Cela représente une population importante de patients, à la fois dans les pays où la vaccination anti-tuberculeuse était obligatoire (par exemple en Suisse, où environ 50 % des patients sont négatifs pour le test) et à plus forte raison dans des pays où la vaccination n’est pas obligatoire (États-Unis, Canada...). »
Une étude clinique en vue.
« Nous sommes par conséquent en train de planifier une étude clinique qui permette de tester cette hypothèse. Par ailleurs, certaines études cliniques dans le contexte de la vaccination anti-tuberculeuse suggèrent qu’une seconde injection intradermique de BCG chez des patients préalablement vaccinés ne présente pas de toxicité. Il nous reste donc à trouver les financements nécessaires pour lancer l’étude (d’ici environ un an, nous l’espérons). Nous envisageons une étude séparant quatre groupes de patients : ces derniers seront stratifiés en fonction de leur réponse au test PPD à l’entrée dans l’étude lors du diagnostic de la tumeur. Pour chacun de ces deux groupes de patients, PPD positifs ou négatifs, 1 bras recevra une injection intradermique de BCG et l’autre bras recevra un placebo. »
Biot et coll. Science Translational Medicine, 6 juin 2012.
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