« Le cancer est devenu la première cause de mortalité devant les maladies cardiovasculaires, depuis 1987 chez l’homme et depuis 2000 chez la femme. La mortalité par cancer diminue mais la mortalité cardiovasculaire diminue encore plus rapidement », résume Catherine Hill (Institut Gustave Roussy, Villejuif).
Stabilisation chez l’homme et faible augmentation chez la femme
En 2012, selon les données des registres de cancers et de mortalité, 355 000 cancers ont été diagnostiqués, 200 000 chez l’homme et 155 000 chez la femme. Et le cancer a tué 154 000 personnes, 89 000 hommes et 65 000 femmes (1). Mais attention, « on ne peut pas étudier l’évolution sur la base des nombres, souligne C. Hill, l’augmentation de la population et de la proportion des gens âgés dans la population entraînent une augmentation mécanique des nombres de cas et de décès, les risques de cancer augmentant énormément avec l’âge (environ 10 pour 100 000 à 30 ans, 100 pour 100 000 à 50 ans, et 1 000 pour 100 000 à 70 ans). L’évolution s’étudie donc à partir des taux pour 100 000 standardisés sur l’âge pour éliminer ces deux effets purement démographiques (2). Or, depuis 1960 on observe une baisse de la mortalité de 1 % par an chez la femme, et depuis 1987, une baisse de 2 % par an chez l’homme (3). Entre 1950 et 1987, la mortalité avait beaucoup augmenté chez l’homme. L’incidence, estimée seulement depuis 1980, diminue chez l’homme et augmente faiblement chez la femme. Mais il y a de fortes disparités suivant les types de tumeurs et le sexe », note C. Hill.
Évolution divergente suivant les localisations
Dans la population masculine, la mortalité par cancer baisse pour la plupart des localisations, cancer des voies aéro-digestives supérieures, de la prostate, de l’estomac, de l’intestin, du poumon, de la vessie, leucémies et lymphomes. Les seuls cancers dont la mortalité augmente sont les cancers du pancréas et de la peau (1). Dans la population féminine, les baisses les plus importantes sont celles des cancers de l’estomac, du sein, de l’intestin, des leucémies et lymphomes. Les seuls cancers dont la mortalité augmente sont le cancer du poumon (4 % par an, c’est de très loin l’augmentation la plus importante) et du pancréas (1). Pour la plupart des localisations l’incidence et la mortalité évoluent dans la même direction : la mortalité augmente parce que l’incidence augmente, la mortalité diminue parce que l’incidence diminue. En effet, pour la plupart des cancers, la survie après diagnostic s’est améliorée lentement, et ce sont les variations d’incidence qui gouvernent la mortalité. Il y a des exceptions. Pour les cancers du sein et de la prostate, on a observé jusqu’à récemment des évolutions divergentes : une incidence en forte augmentation et une mortalité en diminution constante ; ceci est la conséquence du dépistage entraînant de nombreux surdiagnostic de tumeurs destinées à rester latentes ou à régresser. Cependant depuis quelques années, l’incidence de ces deux cancers diminue comme la mortalité. On observe encore aujourd’hui des évolutions divergentes pour le cancer du testicule et de la thyroïde : leur incidence augmente alors que leur mortalité diminue nettement. Il est possible que l’augmentation de l’incidence du cancer du testicule soit réelle, mais celle de l’incidence du cancer de la thyroïde pourrait s’expliquer par l’augmentation des échographies détectant des cancers qui ne seraient jamais devenus symptomatiques.
(2) Hill C. Incidence en hausse, mortalité en baisse: comment interpréter les chiffres? La fréquence des cancers en France. Revue du Praticien 2013;63:1106-12
(3) Hill C. Il est temps de prendre au sérieux la prévention des cancers. Bull Cancer 2015;102:S12–S19
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