Au printemps 2005, l’Institut national du cancer (Inca) était officiellement créé dans le sillage du premier plan cancer. Ce sont 20 ans de lutte contre le cancer que l’institut célèbre aujourd’hui, porté par trois plans successifs et une stratégie décennale depuis 2021. Le panorama des cancers a profondément évolué au cours de ces deux décennies, avec une baisse de la mortalité pour de nombreux cancers, même si certains restent de mauvais pronostic.
L’Inca compte amener son action plus loin encore, fort du large soutien de la population à cette cause. Les cancers sont le premier sujet de préoccupation en matière de santé pour près de 8 Français sur 10 (77 %), d’après une enquête réalisée par l’institut à l’occasion de son anniversaire auprès d’un échantillon représentatif de 1 002 personnes adultes. Alors que 80 % indiquent avoir été confrontés au cancer, personnellement ou pour un proche (4 millions de personnes vivent avec ou après un cancer et plus de 433 000 nouveaux cas sont diagnostiqués par an), lit-on dans un communiqué de l’Inca, trois quarts estiment que les soins et traitements proposés sont de très bonne qualité. Sur les dix dernières années (2012-2022), le taux de mortalité est en effet en baisse pour de nombreuses localisations, à l’exception des cancers du pancréas et du système nerveux central.
L’évolution démographique, la première cause de l’incidence à la hausse
L’incidence des cancers est en hausse, multipliée par 1,4 toutes localisations confondues entre 2003 et 2023, et « l’évolution démographique est la première cause » de ce phénomène, ce qui passe à la fois par la taille de la population, son vieillissement et l’exposition aux facteurs de risque. Si la situation est « plutôt encourageante » chez les hommes pour certaines localisations (cancers de la prostate, du poumon ou colorectaux), les cancers du pancréas progressent dans les deux sexes, en particulier chez les femmes (+ 1,4 % contre + 0,7 % chez les hommes). Ces dernières connaissent aussi une augmentation du cancer du poumon (+ 5 % par an) avec un taux de mortalité en hausse de + 0,4 % chaque année chez elles.
Dans l’enquête, six Français sur 10 estiment que la détection précoce devrait être une priorité des pouvoirs publics et trois quarts placent le dépistage comme le domaine dans lequel ils attendent de nouveaux progrès. Un résultat paradoxal quand la participation aux dépistages organisés peine à s’améliorer. Pourtant dépistage et prévention sont les dimensions de la cancérologie qui ont le plus évolué aux yeux des Français. Un ressenti positif sur lequel l’Inca compte capitaliser à travers le programme pilote Impulsion en cours de déploiement dans le dépistage du cancer du poumon, qui reste de mauvais pronostic.
La recherche, une priorité d’action
Si la survie à 5 ans s’est améliorée pour la plupart des localisations (en particulier pour les leucémies lymphoïdes chroniques avec + 40 points de pourcentage), les cancers de la prostate ( + 21 points) ou encore les cancers du côlon et du rectum (+ 12 points), certains cancers restent « de mauvais pronostic », en particulier ceux associés à l’alcool et au tabac (œsophage, foie, poumon). Malgré les progrès réalisés, le taux de survie nette standardisé à 5 ans reste inférieur à 33 %. Ce pronostic défavorable peut être lié à un dépistage tardif, une localisation difficile d’accès, une évolution rapide et agressive, une résistance aux traitements ou un manque de solutions thérapeutiques.
La recherche est une priorité d’action que l’Inca s’efforce de soutenir à travers des labellisations de centres, le lancement du G7 cancer en 2023 ou encore des partenariats dans le cadre du Cancer Grand Challenges (par exemple l’étude Prospect pour comprendre la survenue plus précoce de cancers colorectaux à l’échelle mondiale). Par ailleurs, le nombre de patients inclus dans les essais cliniques a triplé entre 2002 et 2023 (passant ainsi de 21 542 à 60 207) et le nombre de consultations d’oncogénétique a été multiplié par 7,5 (94 855 en 2023) avec 143 sites dans 103 villes sur le territoire.
Deux dimensions restent moins satisfaisantes pour les Français selon l’enquête : l’accompagnement après les traitements des personnes ayant eu un cancer (48 %) et l’accès aux traitements innovants (55 %). Même si des efforts ont été faits au niveau national (suivi au minimum de 5 ans, forfait parcours de soins post-cancer), « cette réflexion est loin d’être achevée », reconnaît l’Inca. Des revendications qui pourront être entendues, alors que la filière reste attractive avec trois fois plus d’oncologues médicaux et près de 80 % de radiothérapeutes en plus sur les dix dernières années. Plus d’une hospitalisation sur deux pour cancer est assurée dans le secteur public, qui totalise deux tiers des dépenses.
Un registre national du cancer approuvé au Parlement
C’est à l’unanimité que l’Assemblée nationale a voté ce 23 juin la proposition de loi visant à créer un registre national des cancers, ce qui signe son adoption définitive par le Parlement (validation en juin 2023 par le Sénat). L’Institut national du cancer (Inca) tiendra ce registre, « un outil unique, sans équivalent dans d’autres pays », selon son directeur général Nicolas Scotté. Alors que les 33 registres tenus en France couvrent moins d’un quart de la population, l’ambition principale de ce projet est de mieux comprendre les causes génétiques et environnementales des cancers. D’un coût annuel de 16 millions d’euros contre 10 pour le système actuel, il devrait entrer en vigueur début 2026.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024