Selon les données du registre européen OnCovid, 15 % des patients atteints de cancer et ayant eu un diagnostic de Covid confirmé présentent des séquelles de l'infection à type de symptômes respiratoires ou de fatigue. De plus, une baisse de la survie est observée chez ces patients présentant des séquelles. Ces résultats sont détaillés dans le « Lancet Oncology ».
« À notre connaissance, cette étude fournit pour la première fois un compte rendu détaillé des caractéristiques cliniques et du devenir des patients atteints de cancer et de Covid-19 d'après le plus grand registre européen, en se concentrant spécifiquement sur les survivants de l'infection par le Sars-CoV-2 », avancent les auteurs.
Ce registre a inclus 2 634 patients de 18 ans et plus ayant des antécédents de tumeurs solides ou hématologiques, ayant eu un Covid confirmé par RT-PCR entre le 27 février 2020 et le 14 février 2021. L'étude rétrospective a été conduite auprès de 35 centres de France, de Belgique, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et du Royaume-Uni.
Un impact en termes de survie
Une réévaluation clinique a pu être réalisée pour 1 557 patients survivants au cours d'un suivi médian de 22,1 mois après le diagnostic de cancer et de 44 mois après le diagnostic de Covid. Parmi ces patients, 15 % (234) ont rapporté au moins une séquelle liée au Covid. Il s'agissait de symptômes respiratoires (49,6 %), de fatigue résiduelle (41,0 %), d'une perte de poids (5,5 %), de symptômes neurocognitifs (7,3 %), d'un dysfonctionnement des organes non respiratoires (1,7 %) et d'autres complications (18,4 %).
Ces séquelles étaient davantage retrouvées chez les hommes, les patients âgés de 65 ans ou plus, en présence d'au moins deux comorbidités ou encore d'antécédent de tabagisme. Par ailleurs, les patients ayant rapporté des séquelles avaient le plus souvent été hospitalisés pour Covid, présenté un Covid compliqué et reçu un traitement contre l'infection.
Après avoir étudié la prévalence des séquelles et les caractéristiques des patients concernés, les auteurs ont évalué l'impact en termes de survie de ces séquelles. Le suivi post-Covid médian de 128 jours a montré un risque accru de décès parmi les patients ayant des séquelles (HR = 1,80), et ce après ajustement sur différents paramètres comme le sexe, l'âge, le traitement anticancéreux et la sévérité du Covid. « Lorsque l'on considère séparément les séquelles respiratoires et non respiratoires, les deux ont un impact significatif sur la survie post-Covid, avec une survie post-Covid similaire entre les deux catégories de séquelles », ajoutent les auteurs.
15 % des patients avec séquelles arrêtent leur traitement anticancéreux
De plus, « comme le report et la modification des traitements anticancéreux systémiques ont été monnaie courante pendant les premières phases de la pandémie, nous avons également cherché à décrire les schémas de reprise et les modifications de thérapie après la guérison d'une infection par le Sars-CoV-2 », notent les auteurs. Ils se sont ainsi intéressés aux 466 patients sous traitement anticancéreux systémique. Parmi eux, 15 % ont arrêté définitivement leur traitement et 38,2 % l'ont repris avec un ajustement de dose ou du schéma posologique. Les arrêts définitifs ont conduit à des résultats de survie inférieurs, contrairement à la discontinuité du traitement.
« Nos données soulignent l'importance clinique du syndrome post-Covid chez les patients atteints de cancer, une entité émergente qui devrait être rapidement identifié en clinique », estiment les auteurs, considérant la nécessité de travaux supplémentaires pour améliorer le diagnostic et la prise en charge des patients atteints de cancer survivants du Covid.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024