TOUT LE MONDE connaît - sans forcément le savoir - la capsaïcine : c’est en effet la molécule qui donne au piment rouge tout son piquant, mais qui est aussi à l’origine de la sensation de chaleur, voire de brûlure que peut provoquer une consommation intempestive des plus forts de ces légumes de la famille des solanacées…
La capsaïcine est un agoniste hautement sélectif du récepteur sensoriel vanilloïde 1, le TRPV1. Celui-ci est exprimé à la surface des nerfs sensitifs cutanés et impliqué dans la transmission et la modulation des signaux douloureux.
Comme l’explique le Dr Gérard Mick, le patch contenant de la capsaïcine à forte concentration (8 %), Qutenza des Laboratoires Astellas, agit en deux temps. Il provoque d’abord une stimulation du TRPV 1 à l’origine d’une sensation de brûlure ou de chaleur lors de son application, désagrément que l’on prévient en appliquant avant son utilisation de la crème anesthésiante à base de lidocaïne. L’activation prolongée des récepteurs par ces fortes doses de capsaïcine induit, dans un deuxième temps, leur désensibilisation. Les nocicepteurs cutanés deviennent moins sensibles aux différents stimuli. D’où une diminution des réponses nociceptives et un soulagement des sensations douloureuses.
Une application d’une heure pour un soulagement de trois mois.
Dans le cadre du traitement des douleurs neuropathiques, le patch présenté l’avantage d’une action ciblée sur la zone douloureuse. L’exposition systémique au principe actif est donc faible et transitoire. Les effets indésirables sont ainsi limités, tout comme les interactions médicamenteuses, ce qui permet de l’associer avec d’autres médicaments. Qutenza assure un soulagement durable de la douleur après une seule application d’une heure. Sa durée d’action va jusqu’à 3 mois. Si la douleur réapparaît, on peut alors renouveler l’application tous les 90 jours.
Son efficacité a été évaluée dans deux modèles de neuropathies périphériques, celles liées au VIH et les neuropathies post-zostériennes. Dans la première indication, l’étude pivot a été réalisée auprès de 307 patients souffrant de neuropathies depuis au moins deux mois. Ils ont été traités soit par Qutenza, soit par un patch placebo. À douze semaines, la réduction de la douleur a atteint 27,7 % dans le groupe ayant bénéficié du traitement actif, contre 10,7 % dans le groupe témoin (p = 0,0007). La diminution de la douleur en valeur absolue a été de 1,5 point dans le bras Qutenza versus 0,6 point dans le bras contrôle (p = 0,0007). Soixante-cinq pour cent des patients ayant eu le patch actif se sont déclarés améliorés par le traitement contre 31 % pour ceux sous placebo (p = 0,0012).
L’autre étude pivot a porté sur les douleurs post-zostériennes, elle a inclus 402 patients. Les résultats, évalués à la 8e semaine, montrent une réduction de 29,6 % de la douleur dans le groupe Qutenza versus 19,9 % dans le groupe contrôle (p = 0,001). La réduction de la douleur en valeur absolue a été de 1,7 et 1,2 points (p = 0,0024) et les pourcentages de patients soulagés de 57 et 46 % respectivement (p = 0,0293).
Les effets indésirables les plus fréquents ont été une sensation de brûlure, une douleur, un érythème et/ou un prurit au niveau du site d’application. Ces réactions d’intensité légère à modérée ont été transitoires.
Une prescription réservée aux spécialistes de la douleur.
Qutenza est donc indiqué, en deuxième intention, dans tous les types de douleurs neuropathiques périphériques, à l’exception des douleurs neuropathiques du diabétique dans lesquelles le patch à la capsaïcine n’a pas été évalué à ce jour. C’est un médicament réservé à l’usage hospitalier. Sa prescription doit être faite par un médecin exerçant dans un établissement hospitalier public ou privé et ayant l’expérience de la prise en charge des patients souffrant de douleurs neuropathiques. Sa dispensation est réservée aux pharmacies hospitalières et son administration ne peut être réalisée qu’au cours d’une hospitalisation par un infirmier dûment formé. Dans le cadre de l’obtention de l’AMM européenne, Astellas a mis en place en accord avec l’AFSSAPS un plan de gestion de risque qui comprend notamment un programme de formation destiné aux professionnels de santé. Seules les structures ayant reçu la formation peuvent commander le médicament.
Pour le Dr Mick, ce nouveau médicament, outre son efficacité, présente l’avantage de supprimer le problème de l’observance. Les patients ont d’ailleurs une forte appétence pour ce type de produits à effet rémanent. Une adhésion qui est aussi liée à la représentation mentale que tout un chacun peut se faire d’un médicament qui agit « là où ça fait mal ».
Conférence de pesse organisée par le Laboratoire Astellas. Avec laparticipation des Prs et Drs Michel Lantéri-Minet, Alain Serrie, Didier Bouhassira et Gérard Mick.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024