LE RISQUE de perte auditive a été associé à différentes situations : certaines professions, l’exposition au bruit, l’âge, le genre masculin et un niveau socio-éducatif bas. À cela s’ajoute l’exposition au tabagisme, plusieurs études ayant montré un accroissement significatif de la perte auditive : selon Cruickshanks et coll., un fumeur actif est exposé à un risque relatif à la hauteur de 1,69 de perte auditive, comparativement à un non-fumeur, après ajustement pour les autres facteurs de risque.
Quelle influence exerce le tabagisme passif, se sont interrogés David Fabry et coll. (États-Unis) ?
Pour répondre à la question, une étude sur un échantillon représentatif de la population, constitué de non-fumeurs âgés de 20 à 69 ans, a été conduite. Les sujets ont été recrutés dans la cohorte de l’étude NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey), une base de données comportant des éléments relatifs aux maisonnées et aux familles. Les sujets ont été inclus à la condition d’avoir passé un test audiométrique et d’avoir répondu à un questionnaire explorant leurs antécédents d’exposition au bruit et à la cigarette (tabagisme actif et passif). Au total, 3 307 adultes ont été inclus.
Le degré de perte auditive dans chaque oreille a été évalué en testant la capacité à entendre des sons purs dans diverses gammes : fréquences basses ou moyennes (500, 1 000 et 2 000 Hz) et hautes fréquences (3000, 4000, 6 000 et 8 000 Hz). Une perte auditive a été définie à partir d’une perte de 25 décibels sur un son pur (perte légère ou moyenne).
Les résultats, après correction pour les variables confondantes, montrent que l’exposition à un tabagisme passif est associée à une augmentation significative du risque de perte auditive, qui se manifeste différemment selon les antécédents du sujet et le niveau des fréquences. Le risque relatif de perte auditive dans les basses et moyennes fréquences est de 1,14 (IC 95 % 1,02-1,28) chez ceux qui n’ont pas d’antécédents de tabagisme et de 1,30 (IC 95 % 1,10-1,54), chez les anciens fumeurs. S’y ajoute le risque relatif de perte auditive dans les fréquences élevées de 1,40 (IC 95 % 1,22-1,81) pour les anciens fumeurs.
Mais la correction pour ces deux facteurs n’annule pas pour autant l’association.
Les anciens fumeurs ont donc une probabilité plus importante d’une altération de l’ouïe : 14 % d’entre eux perdent des fréquences basses ou moyennes et 46 % perdent des fréquences élevées.
« Les associations plus fortes chez ces anciens fumeurs suggèrent que la perpétuation d’un tabagisme passif, même à bas niveau, peut continuer à faire progresser la perte auditive au niveau des fréquences élevées, qui a commencé lorsqu’ils étaient fumeurs actifs. »
Les hommes plus âgés, les diabétiques ont une probabilité plus importante de perte auditive dans les fréquences élevées, qu’ils soient anciens fumeurs ou non fumeurs.
Des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer si un tabagisme passif agit ou non en synergie avec les effets d’une exposition au bruit et le vieillissement quant à l’altération de l’ouïe. « Si cette donnée se confirme de manière indépendante, la perte auditive allongera la liste des conséquences du tabagisme passif sur la santé » conclut l’équipe.
Tobacco Control, (2010) édition en ligne DOI :10.1136/tc.2010.035832
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