« CES DIX dernières années, des avancées importantes, bien qu’irrégulières, ont été réalisées dans la réponse aux problèmes des drogues », indique le directeur de l’OEDT, Wolfgang Götz. Le rapport 2010 établit en effet que les efforts de l’Europe commencent à donner des résultats tangibles. En particulier grâce aux traitements de substitution, aux échanges de seringues et aux soins ambulatoires, qui sont en forte croissance. Ainsi, chaque année, au moins un million de toxicomanes sont suivis et 670 000 personnes ont recours à un traitement de substitution (majoritairement, à la méthadone). Elles étaient dix fois moins nombreuses en 1993. Les accompagnements psychologiques et les prises en charge en ambulatoire permettent en outre de toucher une plus large population. De nouvelles formes de traitements, via Internet par exemple, se développent en direction des usagers de cannabis ou de cocaïne, réticents à faire appel aux structures classiques.
Héroïne et nouvelles drogues
Malgré ce constat encourageant, l’Agence européenne souligne la persistance de la consommation. L’héroïne représente le plus grand fléau en Europe, cause de la majorité des décès liés aux stupéfiants, et ne montre aucun signe de recul, touchant environ 1 350 000 Européens. L’injection, responsable d’infections hématogènes, reste stable voire diminue, sauf en Europe de l’Est où elle est très courante. Peu d’améliorations également dans la consommation d’amphétamines et d’ecstasy (entre 11 et 12 millions d’adultes en ont pris au moins une fois) ou encore de cannabis, très populaire, avec plus de 75,5 millions d’usagers. La France notamment se place à la troisième place des pays d’Europe occidentale consommateurs de cannabis (16,7 % d’adultes en fument).
Surtout, l’Union européenne doit affronter de nouveaux problèmes, comme le vieillissement de la population des toxicomanes. Une personne sur cinq en traitement a plus de 40 ans aujourd’hui, contre 10 % il y a dix ans. Autre enjeu majeur : la surveillance des drogues de synthèse. Vingt-quatre substances psychoactives ont été signalées pour la première fois à l’OEDT et à Europol en 2009, soit deux fois plus qu’en 2008. Une augmentation qui ne faiblit pas : 33 nouvelles substances ont déjà été repérées en 2010, alors que l’année n’est pas finie. Légales dans leur processus de fabrication, à partir de molécules chimiques licites, ces drogues, vendues sur Internet sous l’appellation de « legal highs » (euphorisants légaux), contournent les lois en vigueur. Plusieurs pays (dont la France) ont déjà pris des mesures pour contrôler la méphrédone, un dérivé de la cathinone dont les risques sanitaires et sociaux ont été évalués. Enfin, le rapport de l’OEDT attire l’attention sur la sophistication des techniques d’introduction clandestine de cocaïne, qui en rend le contrôle plus difficile. Vingt-cinq laboratoires d’« extraction secondaire » servant à séparer la cocaïne des supports dans lesquels elle a été incorporée (cire d’abeille, plastique, engrais...) ont été découverts dans l’UE (particulièrement en Espagne).
Le combat de l’Europe contre les drogues est loin d’être gagné. Beaucoup reste à faire, mais dans un contexte d’austérité économique, les États poursuivront-ils leurs efforts ? Le directeur de l’OEDT, Wolgang Götz, ne manque pas d’exprimer ses craintes et appelle les gouvernements à ne pas diminuer la prise en charge des toxicomanes : « Au moment où les réponses efficaces doivent être soutenues, des mesures d’austérité pourraient entraîner une réduction de l’offre des services de traitement. La pression actuelle sur les deniers publics pourrait entraîner des décisions politiques qui engendreraient, en Europe, des coûts sur le long terme de loin supérieurs aux économies à court terme. »
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