Selon les résultats de l’étude Méthaville, commandée et financée par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), publiée dans PLOS One, il est tout à fait envisageable d’étendre aux médecins généralistes la prescription de méthadone. En France, la buprénorphine et la méthadone sont les deux produits de substitutions proposés, si la buprénorphine peut être prescrite en médecine de ville, ce n’est pas le cas de la méthadone qui reste réservée aux centres spécialisés.
Patrizia Carrieri, de l’observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Dr Alain Morel, de l’association Oppelia France, ont mené une étude sur 221 patients dépendants aux opioïdes souhaitant entrer dans un programme de méthadone. Un premier groupe de 155 patients devait initier leurs traitements chez un médecin généraliste tandis que les 66 autres l’ont entamé dans un centre spécialisé.
55 % d’« abstinence » à un an
Pendant la phase d’initiation de deux semaines, chaque patient devait venir prendre sa dose quotidienne de méthadone à la pharmacie de ville ou dans un centre spécialisé. C’est pendant cette phase délicate que le dosage optimum est déterminé.
Un an après l’initiation du traitement, 55 % des patients pris en charge par des médecins généralistes et 33 % de ceux encadrés par un centre spécialisé étaient « abstinents », c’est-à-dire qu’ils ne consommaient plus de drogues injectables acquises dans la rue. La prescription initiale par les médecins généralistes était donc non inférieure à celle assurée par les centres spécialisés.
Aucun surdosage observé
Cette prescription initiale par les médecins généralistes semblait même statistiquement supérieure en ce qui concerne l’engagement dans le traitement : 65 % des patients des centres de traitement poursuivaient le traitement jusqu’à stabilisation du dosage contre 94 % de ceux suivis par un médecin généraliste. En outre, aucun surdosage n’a été observé au cours de la phase d’initiation dans les deux groupes. Cette étude montre donc qu’une évolution du système de prise en charge des usagers de drogue par voie intraveineuse est possible.
Les auteurs précisent cependant qu’un tel changement nécessitera un effort de formation des médecins généralistes. Ceux qui avaient été inclus dans l’étude avaient tous une expérience en matière de prise en charge de la dépendance aux opioïdes ou avaient suivi des cours d’addictologie. Une formation complémentaire centrée sur la prescription de méthadone leur avait en outre été délivrée avant le début de l’étude proprement dite.
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