Candidate, avec Bordeaux et Paris, à l’ouverture expérimentale de l’une des trois « salles de consommation à moindres risques » pour les usagers de drogues, - dites aussi « salles de shoot » -, Strasbourg envisage d’installer rapidement cette dernière dans le cadre de son hôpital, et table sur un « réel consensus » quant à son acceptation par la population.
8 à 10 places prévues dans un bâtiment de l’hôpital
Très engagée dans la santé et le social, la ville de Strasbourg est particulièrement confrontée aux problèmes de toxicomanie, en raison notamment de sa situation frontalière. En Alsace, plus de 5 000 usagers de drogues suivent actuellement des traitements de substitution. La prévalence des hépatites est élevée chez ces derniers, tandis que la ville a relevé une nette progression de la demande de soins depuis l’an dernier.
Selon la municipalité, la création d’une salle dans un des bâtiments de l’hôpital civil, au centre de la ville, est d’autant plus logique qu’elle se trouvera à proximité des services d’urgence et de réanimation de l’établissement, ce qui favorisera les interventions de secours si nécessaires.
Adjoint au maire chargé de la santé, le Dr Alexandre Feltz souhaite que la salle soit ouverte toutes les après-midi, 365 jours par an, et dispose de 8 à 10 places. Pour lui, une telle salle permettra aussi de donner aux usagers qui le souhaitent l’occasion d’y rencontrer des professionnels formés, capables de les orienter vers « d’autres trajectoires de vie ». Quatorze postes équivalent temps plein sont d’ores et déjà prévus pour la faire fonctionner. Elle sera gérée par l’association « Ithaque », présente depuis une vingtaine d’années à Strasbourg dans le domaine de la réduction des risques et de l’aide aux usagers de drogues.
Dissiper les préjugés
Les premiers débats à ce sujet ont eu lieu le 20 avril au sein du Conseil Municipal, qui devrait officiellement se prononcer au cours du mois de mai. Ensuite, une fois la loi de santé adoptée, préliminaire indispensable à la création de la salle, le projet pourrait avancer rapidement et déboucher sur une ouverture début 2016.
Si le maire PS de la ville, Roland Ries, dispose d’une forte majorité au conseil municipal, les autres tendances lui ont déjà posé beaucoup de questions à ce sujet, mais n’ont pas manifesté, du moins jusqu’à présent, de forte opposition à cette initiative. De plus, relève le Dr Feltz, « les Strasbourgeois interrogés par les médias y semblent eux aussi plutôt favorables ». La ville n’en devra pas moins expliquer clairement son projet à la population, notamment pour dissiper les nombreux préjugés qui subsistent autour de ces structures.
« Il faut par exemple expliquer aux gens que nous ne fournissons pas de drogues aux usagers, mais uniquement des seringues et du matériel d’hygiène, ou bien que le financement ne sera pas pris sur les ressources de l’hôpital, mais provient d’un budget spécifique national », expliquent les porteurs du projet, qui se disent prêts à faire ce travail d’information « aussi souvent que nécessaire ».
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