Comment accompagner un fumeur qui n’est pas prêt à arrêter la cigarette ? Selon des chercheurs américains, le recours à une expérience de jeu avec des applications mobiles pourrait favoriser l’implication des participants dans le changement de leurs comportements tabagiques.
Alors que la plupart des études évaluant les stratégies d’engagement dans le sevrage portent sur des fumeurs qui veulent arrêter, ces chercheurs se sont intéressés à ceux déclarant ne pas être prêts. Leur essai randomisé, dont les résultats sont publiés dans le « JAMA Internal Medicine », a comparé un groupe auquel a été proposée une « thérapie de remplacement de la nicotine » (TRN) et un autre auquel a été proposée, en plus des substituts nicotiniques, la participation à un jeu, baptisé « Take a Break » (TAB).
« TAB s'appuie sur la théorie cognitive sociale et les concepts de mécanique du jeu [utilisé dans les jeux vidéo notamment, NDLR] pour engager les participants dans un changement de comportement en matière de santé », expliquent les auteurs. L’expérience de jeu dure trois semaines et comporte cinq composantes : messagerie motivationnelle, quiz de défi, établissement d'objectifs d'abstinence brève, applications de santé mobile pour la gestion des fringales et points de récompense pour la participation.
De son côté, les thérapies de remplacement de la nicotine ont démontré leurs bénéfices : une thérapie de 2 semaines « augmente le sevrage tabagique au cours des 6 mois suivants (12 % contre 8 % d'un groupe témoin sans intervention) », rappellent les auteurs.
Un taux de sevrage doublé après le jeu
Pour leur essai, les chercheurs ont inclus 433 fumeurs adultes (52 % de femmes, âge moyen de 54 ans). À 3 semaines, les participants au jeu TAB étaient plus nombreux à déclarer avoir utilisé les pastilles de nicotine fournies (66 % contre 56 %) et à déclarer une période d'abstinence de 24 heures (25 % contre 14 %). La durée de leur abstinence était par ailleurs plus longue (1,20 contre 0,60 jour), tandis que le délai jusqu’à la première tentative d'arrêt était plus court (RR à 90 jours de 1,68).
À 6 mois, le nombre de tentatives d'arrêt était également « significativement plus élevé » dans le groupe TAB, est-il relevé. Et à 6 mois toujours, le taux de suivi était similaire dans les deux groupes (75 % dans le groupe TAB contre 78 %), mais le taux d’arrêt vérifié par le niveau de monoxyde de carbone était plus élevé dans le groupe TAB (18 % versus 10 %).
Ces résultats démontrent l’intérêt d’une « gamification » comme stratégie pour favoriser l’engagement. D’autres approches (substituts, relaxation, etc.) ont fait leurs preuves et le recours à une expérience de jeu pourrait ainsi amplifier leurs bénéfices, estiment les auteurs. L'expérience de jeu se propose ainsi de renforcer les compétences : réflexion sur les comportements tabagiques, établissement d'un objectif d'abstinence et tentative d'abstinence avec des stratégies comportementales de gestion active des envies.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024