Anne Berquin, (cliniques universitaires UCL, Saint-Luc, Bruxelles) a rappelé les travaux de Ramachandran. Ce précurseur de l’utilisation thérapeutique du feedback visuel a dès les années 1990 cherché à atténuer les sensations et douleurs fantômes des amputés en créant l’illusion d’un membre sain à l’aide de miroirs. Les résultats sont parfois spectaculaires. Anne Berquin souligne que
« la sensation de douleur ne résulte pas uniquement de l’activation du système nociceptif mais est aussi modulée par l’interaction complexe de réseaux neuronaux impliqués dans d’autres modalités sensorielles ». Elle relève les hypothèses neurophysiologiques actuelles : « restauration de la congruence sensorimotrice et réversibilité de la plasticité corticale, modulation directe de la douleur par la vision, activation de neurones miroirs, désapprentissage du lien entre mobilisation et douleurs, phénomènes attentionnels ».
Quelle place réserver à ces techniques de détournement de l’attention dans la prise en charge des patients douloureux ? Philippe Voordecker (hôpital Erasme, université libre de Bruxelles, Belgique) a d’abord noté les évolutions actuelles : développement des techniques de réalité virtuelle et de réalité augmentée qui superpose à la réalité des images générées par ordinateur ; indications élargies au syndrome douloureux régional complexe ; possibilité d’étudier de possibles effets sur la plasticité cérébrale par imagerie fonctionnelle intégrée aux protocoles de traitement ; recherche d’une majoration de l’analgésie avec des systèmes immersifs ou des facteurs psychologiques (présence, anxiété…) ; utilisation des techniques de réalité virtuelle comme méthode d’induction en hypnose…
Philippe Voordecker note que les techniques de détournement de l’attention basées sur le feedback visuel (miroirs, réalité virtuelle, réalité augmentée) permettent de réduire la posologie des médicaments délivrés. Il lui semble qu’elles « peuvent être considérées comme faisant partie de la boîte à outils thérapeutique à disposition des soignants s’occupant de patients douloureux ».
Il indique cependant les limites : « des revues systématiques de la littérature apparaissent et mettent en lumière les biais méthodologiques, les limitations en terme d’efficacité, les effets indésirables, notamment ». Avec Philippe Voordecker, le Pr Perrot retient la nécessité de mener des études randomisées contrôlées avec protocoles standardisés pour « préciser l’impact réel de ces techniques dans la prise en charge des patients ».
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