« Ce n'est pas un hasard si vous êtes les premiers à qui je m'adresse (...) Je voudrais vous parler aujourd'hui de prévention », a déclaré la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn, en ouverture des Rencontres de Santé publique France, ce 30 mai, sa première intervention officielle, après deux visites de terrain, à ATD Quart Monde et dans un EHPAD.
Agnès Buzyn a tracé les grandes lignes d'une « politique volontariste en prévention », qui puisse honorer les objectifs que le candidat Emmanuel Macron s'est fixés : réduire les inégalités sociales de santé, et améliorer l'efficience du système de santé. Cinq milliards d'euros, soit un milliard chaque année, devraient être investis dans la santé.
La prévention devrait être au cœur de la cible : « Demain, nous investirons davantage pour prévenir que pour guérir », s'est engagée la ministre, soulignant que la France, en consacrant à la prévention 15 milliards d'euros, soit 5,9 % des dépenses de santé, est à la traîne par rapport aux pays de l'UE et de l'OCDE. Ces investissements se traduiront via des missions d'intérêt général, dans les établissements de santé, et les objectifs de performance, pour les libéraux. « Tous les acteurs de santé ont leur place dans ce virage vers la prévention, et en particulier les médecins de premier recours », essentiels pour sensibiliser leurs patients, a-t-elle indiqué.
Mobilisation des médecins de première ligne
Le service sanitaire de 3 mois, pour tous les étudiants en santé, sera l'un des leviers de la mobilisation des soignants. Quelque 40 000 jeunes devraient intervenir dans les écoles ou les entreprises, s'est félicité Agnès Buzyn.
En parallèle, un réseau national de santé publique devra être encouragé et développé, pour promouvoir les interventions et outils efficaces. Et d'appeler à consacrer une place plus grande à l'expertise et à la promotion de la santé, cette dernière devant bénéficier d'une action interministérielle, impliquant notamment le ministère de l'éducation nationale et celui de la transition écologique et solidaire. Des propositions portant sur les facteurs de risques environnementaux devraient voir le jour dans les semaines et mois à venir en lien avec les services de Nicolas Hulot, a précisé Agnès Buzyn. Qui a aussi affiché sa volonté de lutter contre les autres facteurs de risque : alcool, addictions, sédentarité et alimentation.
Lutte contre le tabagisme… des soignants
À la veille de la journée mondiale sans tabac, la ministre a rappelé les mauvais chiffres de la France (en 2016, 34,5 % des 15-75 ans fumaient, contre 17 % au Royaume-Uni, ou 15 % aux USA) et insisté sur la nécessaire implication des médecins dans la lutte contre le tabac. Dans le cadre du Moi(s) sans tabac, opération de marketing social « exemplaire », selon le Pr Buzyn, seulement 700 documents ont été commandés par les professionnels de santé. « Trop peu » a-t-elle regretté.
Sans ambages, l'hématologue a dénoncé le « problème du tabagisme des professionnels de santé ». « Si les chiffres montrent un net infléchissement chez les généralistes avec 16 % de fumeurs en 2015, vs 29 % en 2003, ils sont alarmants chez les infirmiers (31 %) et aides-soignants (44 %) », s'est inquiétée la ministre. « Par soucis d'exemplarité et d'efficacité de l'action auprès de leurs patients, il serait important que la prévalence du tabagisme des soignants français rejoigne celles de leurs homologues américains et anglais, autour de 5 % », a-t-elle soutenu.
Enfin, la nouvelle ministre a encouragé le dialogue avec la société, autour des grands débats de santé publique… comme la vaccination, dossier qui lui faudra trancher, après les propositions de la concertation citoyenne organisé en 2016. « C'est un progrès majeur de la médecine, un acte de prévention primaire essentiel qui a sauvé des centaines de millions de vies et continuera à être indispensable dans ce monde de maladies émergentes », a-t-elle conclu.
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