APRÈS DEUX essais randomisés discordants, des Australiens concluent aujourd’hui que les injections sont utiles... à court terme. Au-delà de 4 semaines, l’effet antalgique s’estompe au point de ne pas faire mieux que le placebo. C’est ce qu’ont observé le Pr Hylton Menz et son équipe de La Trobe University au cours du suivi de 82 sujets ayant une fasciite plantaire pendant 3 mois.
La fasciite plantaire est une douleur de l’aponévrose plantaire dans son origine calcanéenne, le plus souvent résolutif en douze mois quel que soit le traitement. Le mécanisme prédominant semble être dégénératif, même s’il existe une composante inflammatoire.
Injection échoguidée
Les patients étaient inclus si la douleur ressentie était cotée au minimum à 20 mm sur une échelle visuelle analogique (EVA) allant de 0 à 100 mm (0 correspondant à l’absence de douleur et 100 à la douleur la plus forte). Le diagnostic de fasciite plantaire était confirmé par la mesure échographique de l’épaisseur de l’aponévrose plantaire (≥ 4,0 mm). Les patients étaient randomisés dans le groupe corticoïde ou placebo (sérum physiologique). L’intervention consistait en l’injection échoguidée de dexaméthasone dans l’aponévrose plantaire. Pour atténuer la douleur lors de l’injection, un bloc du nerf tibial postérieur était réalisé avec de la lidocaïne 2 % en début d’intervention, également sous contrôle échographique.
À 4 semaines, la diminution de la douleur était mesurée à 10,9 points dans le groupe dexaméthasone et l’épaisseur de l’aponévrose plantaire y était diminuée de 0,35 mm. En revanche, à 8 et 12 semaines, il n’y avait plus aucune différence concernant l’effet antalgique entre les groupes dexaméthasone et placebo. Seule persistait une diminution de l’épaisseur de l’aponévrose dans le groupe traité, de 0,39 mm à 8 semaines et de 0,43 mm à 12 semaines. Il faut traiter presque 3 personnes (2,93) pour constater un succès de la dexaméthasone à 4 semaines. Aucun événement indésirable n’a été rapporté, en particulier pas de rupture du fascia.
L’épaisseur.
L’épaisseur fusiforme de l’aponévrose plantaire est un critère bien établi de fasciite. Il existe une forte corrélation entre l’épaisseur de l’aponévrose et la douleur ressentie au niveau du talon. Selon une métaanalyse, les sujets ayant une douleur du talon ont 100 fois plus de chance d’avoir à l’échographie une épaisseur d’aponévrose ≥ 4 mm. Au niveau individuel, le contrôle échographique permet ainsi de surveiller l’évolution du traitement. Les auteurs suggèrent que les corticoïdes agissent au niveau de la production de protéoglycanes et de l’œdème tissulaire, responsables de l’empâtement du fascia. Si l’injection de corticoïde a un effet antalgique à court terme, il semble bénéfique à plus long terme sur les modifications physiologiques entraînées par la fasciite.
BMJ 2012;344:e3260
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