LA MÉTHADONE, un agoniste mu-opioïde, est recommandée pour traiter l’addiction aux opiacées de la mère pendant la grossesse. Mais l’exposition prénatale à la méthadone est associée à un syndrome de sevrage néonatal. Ce syndrome, qui nécessite souvent une hospitalisation, est caractérisé par une hyper-irritabilité du système nerveux central et un dysfonctionnemment du système nerveux autonome.
Pour la désaccoutumance de la dépendance aux opiacés, il existe aussi la buprénorphine qui est un agoniste partiel des récepteurs mu-opioïdes et un antagoniste kappa-opioïde. Ce médicament n’a pas été étudié pendant la grossesse de manière aussi extensive que la méthadone.
Du fait de son effet agoniste mu-opioïde partiel, son efficacité n’est pas aussi importante que celle de la méthadone, mais le risque d’overdose est réduit. Les effets d’un arrêt brutal de buprénorphine sont minimes comparativement à un sevrage brutal d’un agoniste mu-opioïde pur.
Handrée Jones et coll. (Baltimore), ont conduit une étude en double aveugle contre placebo, internationale (huit sites) pour comparer la buprénorphine et la méthadone chez 175 femmes enceintes dépendantes des opiacés. Ils ont évalué l’effet des traitements sur les scores de cotation des syndromes de sevrage néonatal (SSN), la quantité de morphine utilisée pour les traiter, la longueur des hospitalisations et le périmètre crânien du nouveau-né.
Moindres besoins en morphine.
Les résultats montrent que les nouveau-nés de mères sous buprénorphine ont eu significativement de moindres besoins en morphine pour traiter le SSN, une période de traitement de ce SSN significativement plus courte, une hospitalisation plus courte également, comparativement aux nouveau-nés ayant eu une exposition pré-natale à la méthadone.
Le traitement a été interrompu chez 16 des 89 femmes du groupe méthadone (18 %) et 28 des 86 femmes du groupe buprénorphine (33 %).
Une comparaison des 131 nouveau-nés dont les mères ont été suivies jusqu’à la fin de la grossesse et incluses dans des groupes de traitement (et non de placebo, avec 58 sous buprénorphine et 73 sous méthadone) montre que dans le premier groupe la dose moyenne de morphine utilisée a été de 1,1 mg, versus 10,4 mg (p<0,0091), la durée d’hospitalisation de 10 jours versus 17,5 jours (p<0,0091) et une réduction de la durée de traitement pour SSN (4,1 jours versus 9,9 jours, p<0,0031).
La supériorité de la buprénorphine sur la méthadone ne va pas jusqu’à une différence du nombre des nouveau-nés à traiter entre les deux groupes. Ni sur les scores de SSN, le périmètre crânien. Au total, la buprénorphine est supérieure pour deux critères d’évaluation parmi cinq chez les femmes qui ont pris l’intégralité de leur traitement. La probabilité d’interruption du traitement est plus élevée dans le groupe des femmes qui étaient sous buprénorphine.
« Si les patientes ayant une dépendance plus sévère aux opiacés sont celles qui risquent d’interrompre plus facilement un traitement à la buprénorphine qu’à la méthadone, ce facteur peut en revanche rendre compte d’une meilleure évolution dans le groupe sous buprénorphine. » Les auteurs sont partisans de considérer la buprénorphine comme traitement de première intention chez la femme enceinte.
New England Journal of Medicine, 363 ; 24, 9 décembre 2010, p. 2320-2 331.
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