Le Pr Bertrand Dautzenberg s'est prononcé jeudi en faveur d'une dépénalisation encadrée du cannabis. Il s'exprimait lors d'une présentation du 20e Congrès de pneumologie de langue française qui se tiendra à Lille fin janvier. « Dans les pays développés, il est frappant d'observer que plus la législation est répressive, plus la consommation est importante », a-t-il déclaré.
Le Pr Dautzenberg mettra en débat sa proposition en faveur d'une utilisation à moindres risques du cannabis lors du congrès. Ce débat ne devrait toutefois pas déboucher sur une prise de position officielle de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), précise le Pr Dautzenberg : « Pour cela, il faut réunir un groupe de travail et un comité d'expert », explique-t-il.
Le Pr Dautzenberg a également présenté ses recommandations pour réduire les risques de dommages liés à la consommation de cannabis. « La France est le plus gros consommateur de cannabis en Europe, a-t-il déploré, et nous fumons en plus la version la plus nocive : la résine de cannabis qui se prend avec du tabac. »
Le pneumologue invite les médecins à inciter les consommateurs de cannabis de réduire leur consommation de tabac en se rabattant vers les feuilles de cannabis, comme cela se fait en Hollande ; ou à recourir aux plantes à fumer, mentionnées dans la nouvelle directive sur les produits du tabac. « C'est quelque chose qui est tout à fait possible et qui est légal en France », a-t-il souligné.
Il a également évoqué l'utilisation du cannabis par vaporisation très courante aux États-Unis. Il a en revanche déconseillé l'utilisation de cigarettes électroniques diffusant du cannabis « en l'état actuel des connaissances, en tous cas ».
Selon des estimations de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), 17 millions de Français ont expérimenté au moins une fois le cannabis dans leur vie, tandis que 4,6 millions l'utilisent au moins occasionnellement et 1,4 million régulièrement. La France était en 2011 le pays où l'usage de cannabis par des jeunes de 16 ans au cours des 30 derniers jours était le plus élevé en Europe, de l'ordre de 16 %.
Les ventes ont pour leur part augmenté de 20 % depuis 1991 alors que cannabis reste interdit, note par ailleurs le Pr Dautzenberg qui juge la légalisation actuelle « totalement inadaptée, pas du tout pragmatique, pas près des gens, et qui ne marche pas ».
Il préconise en conséquence une dépénalisation « avec un cadre précis prenant en compte les expériences des autres pays » qui permettra, selon lui, de faire plus facilement de la prévention et de « supprimer les formes les plus dangereuses ».
La Pr Dautzenberg met en garde contre quelque 130 cannabis de synthèse commercialisés sur Internet. « En l'état actuel des connaissances, on ne peut que déconseiller ces produits », a-t-il dit.
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