LES DOULEURS AIGUËS sont fréquentes chez les personnes âgées, gênant leur vie et leur locomotion. Il ne faut pas banaliser une lombalgie aiguë, qui a le risque d’être une fracture tassement vertébral chez des patients souvent ostéoporotiques. On peut également rencontrer des fractures par insuffisance osseuse du sacrum (douleurs à la mise en charge, intenses, « dans le bas du dos » qui irradient en sciatique S1 bilatérale tronquée), des fractures des branches ilio et ischio-pubiennes ainsi que des fractures de fatigue des métatarsiens qui se traduisent par des douleurs « mystérieuses » sur le dos du pied. Ces différents diagnostics peuvent être confirmés par la radiographie, l’échographie mais surtout par la scintigraphie (ou le scanner si la douleur est assez précise). La prise en charge de ces douleurs repose sur un traitement anti-douleur, utilisant parfois les morphiniques et sur la prise en charge de l’ostéoporose.
Canal lombaire étroit.
Les douleurs chroniques des personnes âgées peuvent également être très invalidantes. Les complications du canal lombaire rétréci sont en constante augmentation du fait du vieillissement de la population. Ces complications sont généralement liées à une arthrose articulaire postérieure et à une discarthrose ; les douleurs imposent l’arrêt de la marche (pas de plus en plus petits, apparition de radiculalgie, voire petite perte d’urines à la marche) avec repos en position assise d’au moins 5 minutes, puis possibilité de marcher à nouveau avec le même périmètre. Confirmé par scanner ou IRM le canal lombaire étroit peut nécessiter une infiltration péri-durale ou intra-durale, voire un geste chirurgical en cas d’échec du traitement. Les douleurs chroniques des personnes âgées peuvent également être liées à une arthrose devenant invalidante et la chirurgie est à proposer, même à 85 ans, en expliquant les progrès réalisés. Enfin, elles peuvent être d’origine inflammatoire. Parmi ces douleurs, la principale cause est la pseudo-polyarthrite rhizomélique qui touche de plus en plus fréquemment les personnes âgées (2 % des plus de 65 ans) et qui peut être associée à une maladie de Horton (15 % des cas). Ces douleurs des racines nerveuses peuvent être accompagnées d’une asthénie importante, d’une altération de l’état général, d’une anorexie et d’une raideur importante le matin (épaules ++). L’augmentation de la VS et de la CRP confirmera le syndrome inflammatoire. Il faudra également penser à une maladie inflammatoire chronique, comme la polyarthrite rhumatoïde, la chondrocalcinose, les myopathies, voire une crise de goutte… En l’absence de syndrome inflammatoire, on pourra évoquer les maladies qui donnent des douleurs et une diminution de force des ceintures comme l’ostéomalacie, l’hypothyroïdie...
Les chutes, un risque majeur.
Enfin, avec une prévalence de 10 à 25 % chez les plus de 65 ans, les chutes représentent un risque majeur de perte de la mobilité chez les personnes âgées. En effet, les chutes répétées sont associées à une forte morbi-mortalité qui accélère le processus de perte d’indépendance et d’autonomie et sont responsables d’un taux d’institutionnalisation élevé pouvant atteindre 40 % des personnes. Les causes extrinsèques de ces chutes à répétition sont essentiellement représentées par les accidents domestiques et il peut s’avérer intéressant de visiter la maison afin de conseiller les patients et leurs aidants sur l’éviction des pièges (suppression des tapis, système anti-glissement, bon éclairage, éviter les rangements en hauteur, chaussage adapté…).
Bien entendu il ne faut pas oublier toutes les pathologies qui peuvent donner des malaises (maladies cardio-vasculaires), les maladies neurologiques qui peuvent donner des troubles de la marche, les atteintes visuelles, les atteintes auditives, sans oublier les malaises dus à la consommation médicamenteuse (psychotropes++), voire d’alcool.
Propos recueillis auprès du Dr Bernard Verlhac (service de rhumatologie, hôpital Paul-Brousse, Villejuif), secrétaire général de l’Association Gériatrie et Rhumatologie, section de la société Française de Rhumatologie.
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