Le Pr Maurice Tubiana est mort à 93 ans. Pionnier mondial de la nouvelle radiothérapie, associant recherche clinique et recherche fondamentale, il fut de tous les combats de la santé publique au cours de trois décennies, dénonçant sans relâche « les méfaits de l’écologisme et du précautionnisme ».
Pied noir né en 1920 à Constantine, il a 13 ans quand Hitler arrive au pouvoir et il interrompra son externat pour s’engager, quand la guerre éclate, rejoignant à pied l’Espagne, où il est arrêté et déporté, puis gagnant le Maroc et l’Italie pour participer au débarquement de Provence, en 1944. À la chute du Reich, il s’est choisi un autre ennemi, racontait-il, le cancer.
Après deux années à Berkeley, en Californie, un an à New York et une agrégation de physique médicale, il intègre en 1952 l’Institut Gustave Roussy (IGR), à Villejuif. Jusqu’en 1989, il crée et dirige l’école française de radiologie, remportant, grâce au bétatron qu’il met au point avec Frédéric Joliot-Curie, puis avec le premier appareil de télécobalthérapie, des victoires cliniques qui le placent au premier rang thérapeutique mondial contre le cancer.
« Arrêtons d’avoir peur ! »
Appelé en 1975 à la présidence de la commission cancer, Maurice Tubiana se lance à l’assaut de son troisième ennemi : l’irrationnel qui suscite les peurs et alimente la désinformation dans les grands débats de santé publique. Il n’hésite pas à mettre sur la sellette le système de soins en France, publiant en 1983 un rapport explosif, où il milite, avec Jean Rey et Jean Dausset, pour l’évaluation systématique de toutes les structures qui dispensent des soins.
Sa compétence alliée à sa pugnacité, sa pratique de l’interdisciplinarité (il est membre à la fois de l’Académie de médecine, qu’il présidera, et de l’Académie des sciences), faisant coopérer étroitement biologistes, cliniciens, épidémiologistes et physiciens, lui valent sa réputation de « sage de la santé publique ». Escorté des Prs Claude Got, Gérard Dubois, François Grémy et Albert Hirsch, il élabore ainsi, en 1989, un plan de santé publique (alcoolisme, tabagisme, prévention des maladies graves).
Le Pr Maurice Tubiana s’engagera sur tous les fronts et dans tous les débats où la santé publique est mise en cause. Dans son dernier livre, « Arrêtons d’avoir peur ! »*, il dénonce les nouvelles alarmistes diffusées au sujet des insecticides, des OGM, des antennes de téléphonie mobile, ou même des gaz de schiste dont il explique que l’interdiction est « aberrante ».
Lucien Neuwirth, auteur de la loi autorisant la contraception
Lucien Neuwirth, l’homme politique qui a réussi à imposer la pilule en 1967, est mort le 26 novembre à 89 ans, à Paris.
Né le 18 mai 1924 à Saint-Étienne, Lucien Neuwirth s’engage dès ses 16 ans dans la Résistance avant de rejoindre les parachutistes de la France libre. Il est grièvement blessé pendant la guerre et fait prisonnier à plusieurs reprises, notamment en tentant de rallier Londres en passant par l’Espagne après l’appel du 18 juin.
À la Libération, il commence une carrière politique dans la lignée de Charles De Gaulle en ralliant le RPF. Il devient sénateur RPR de 1983 à 2001.
Liberté de la procréation
Lucien Neuwirth a été sensibilisé très tôt à la question de la procréation. Lors du 40e anniversaire de la loi qui porte son nom, il raconte que tout jeune soldat, à 17 ans, il reçoit des mains d’une militaire irlandaise un comprimé qui donne à l’amour un goût d’éternel recommencement : la « gynonine ». En 1957, alors qu’il est en charge des affaires sociales dans sa ville natale, il est marqué par la confidence d’une femme : « Moi, j’en ai assez, chaque fois que mon mari rentre saoul, il me fait un gosse ! ». Il découvre alors le mouvement Maternité heureuse, qui deviendra le Mouvement français pour le planning familial.
Dix ans plus tard, en décembre 1967, la loi relative à la régulation des naissances, qui portera son nom, est votée puis promulguée non sans heurt dans l’hémicycle. Dans la France très conservatrice d’avant mai 1968, elle autorise la fabrication et l’importation des contraceptifs hormonaux et intra-utérins, leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale, limitée quantitativement et dans le temps, avec autorisation parentale pour les mineures. Il faudra attendre 1972 pour que les derniers décrets d’application soient pris, 1973 pour que sortent les premières autorisations de fabrication de contraceptifs, et 1975 pour que la loi Veil autorise l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Pr Robert Edwards, pionnier de la FIV
La nouvelle a été annoncée par l’Université de Cambridge où Il a travaillé pendant de nombreuses années au département de physiologie : le Pr Edwards « est mort paisiblement dans son sommeil le 10 avril 2013, après une longue maladie ». Le Britannique Robert Edwards avait reçu le Prix Nobel de médecine en 2010, pour ses travaux qui avaient ouvert la voie au développement de la fécondation in vitro.
C’est lui qui, avec le gynécologue Patrick Steptoe, pionnier de la laparoscopie, a obtenu le premier bébé-éprouvette, Louise Brown, née le 25 juillet 1978. Septoe, décédé en 1988, n’avait pas été cité pour le Nobel.
Le Pr Edwards avait obtenu son succès après un travail acharné et endurant, mené pendant près de 30 ans. Il avait dû franchir les obstacles les uns après les autres, pour aboutir à la technique adéquate de maturation des ovocytes, et mettre au point une culture favorable au sperme. Dès les années cinquante l’idée était en germe dans sa tête. C’est en 1963 qu’il réussit une fécondation in vitro chez la lapine. À partir de 1965, il va chercher à l’appliquer chez les humains et ne va y parvenir qu’en 1978.
À la suite de ce succès, il a créé en 1985 la Société européenne de reproduction et d’embryologie humaine, ainsi que la revue « Human Reproduction », dédiée à la fertilité humaine.
Plus de 30 ans après, l’assistance médicale à la procréation a fait naître des millions d’enfants. Chaque année, elle est à l’origine d’environ 25 000 naissances dans le monde. En France, environ 2 % des enfants naissent par AMP. Le Pr René Frydman, père du premier bébé-éprouvette français, Amandine, a déclaré avoir pour son homologue britannique « une infinie reconnaissance ».
Pr Olivier Ameisen, défenseur du baclofène
Le cardiologue Olivier Ameisen est décédé le 18 juillet à Paris, à l’âge de 60 ans, d’une crise cardiaque. Enfant surdoué, excellent pianiste (le maître Arthur Rubinstein lui avait conseillé de poursuivre dans la musique), le médecin avait inauguré le poste de médecin de Matignon (sous Raymond Barre, Premier ministre), avant d’effectuer une grande partie de sa carrière aux États-Unis (entre 1984 et 2004), comme professeur associé de médecine et cardiologie au Cornell University Medical College. Il était depuis 2008 professeur de médecine invité à la State University de New York (Downstate Medical Center).
Frère de Jean-Claude Ameisen, l’actuel président du Comité consultatif national d’éthique, il s’était fait connaître du grand public par son livre « le dernier verre », vendu à 40 000 exemplaires. Il y raconte comment le baclofène, l’avait guéri de l’alcoolisme. Grâce à 270 mg de baclofène par jour, « je ne ressentais plus de craving ou de désir d’alcool, pour la première fois de ma vie d’alcoolique », écrit-il. Il militait depuis pour la reconnaissance de ce médicament commercialisé depuis 1974 sous le nom de Liorésal. « Il est mort pendant son sommeil, c’est d’autant plus triste que depuis un ou deux mois, les choses commençaient à bouger dans le bon sens » pour la reconnaissance du baclofène comme traitement contre l’alcoolisme, a indiqué Jean-Claude Ameisen.
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