AVEC 50 000 BÉBÉS prématurés par an, la France déplore une augmentation du phénomène de 15 % en 10 ans. Principaux responsables, les maternités tardives, les grossesses multiples et les accouchements provoqués avant le terme pour protéger la santé de la mère et de l’enfant. Aujourd’hui, 2 000 soignants oeuvrent pour combattre les naissances avant 37 semaines d’aménorrhée au sein de la fondation PremUp.
Depuis 2007,la Fondation Premup, réseau de coopération scientifique dédié à la grossesse et à la prématurité, se développe pour préserver la santé de la femme enceinte, prévenir la prématurité et protéger le nouveau-né prématuré. Le 5 juin, elle organise ses 3 es assises, à Paris, au Palais du Luxembourg*, sur le thème « La douleur du fœtus et du nouveau-né prématuré ».
En présentant les assises, le Dr Danièle Evain-Brion, directrice de PremUp, spécialisée en endocrinologie pédiatrique attachée à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, met d’emblée l’accent sur le défi qui l’anime : passer de la recherche fondamentale à son application thérapeutique, avec un effort particulier sur la pharmacocinétique. « Il est très difficile de faire des études sur les bébés prématurés. Il faut faire des ponctions veineuses, recueillir les urines. Tous les jours, le foie, le rein du nouveau-né évoluent, le métabolisme aussi », explique la chercheuse. Pourtant, c’est nécessaire, car « pour soulager la douleur d’un enfant prématuré, les solutions relèvent encore trop souvent de l’empirisme pharmacologique et de l’expérience individuelle ».
D’où le choix en 2010 du thème « La physiologie de la douleur néonatale, la détection et la prise en charge de la douleur du nouveau-né », une priorité qui a émergé il y a environ 20 ans en France. Car la perception de la douleur a longtemps été considérée comme normale. Certains membres de la communauté médicale estimaient même que le nouveau-né était incapable de souffrir. Le prématuré, qui subissait nombre de soins invasifs (intubations longues, piqûres…), devait avant tout être sauvé. Depuis, on a prouvé que le fœtus percevait la douleur dès le deuxième trimestre de la grossesse, au moment de la formation des voies de la nociception.
Évaluer, prévenir, traiter.
« Aujourd’hui, il est aussi important d’évaluer la douleur que de mesurer la pression artérielle », dit le Pr Umberto Simeoni (chef du service de médecine néonatale, La Timone, Marseille). Et de la traiter. Or, les disparités sont criantes, d’un service à l’autre. Certains services de néonatalogie ont recours aux analgésiques pour 20 % de leurs petits patients, d’autres pour la quasi-totalité d’entre eux.
Sonia Guillaume, infirmière, exerce dans l’un des trois pôles de soins performants de premUp, le service de médecine néonatale de l’hôpital Robert Debré, à Paris*. Chaque jour, elle applique un protocole antidouleur, qui commence par une évaluation pour repérer le mal-être du nouveau-né. Au programme, réduction des nuisances sonores et de la lumière, facteurs de stress et donc de douleur. Et vérification de la position du bébé dans la couveuse pour limiter son inconfort. Mais aussi solutions antalgiques, médicamenteuses (dérivés de morphine, paracétamol) ou non (le duo saccharose/tétine), lors de soins douloureux comme une ponction capillaire. Et lorsqu’il faut poser une perfusion, on mobilise deux personnes : l’une effectue le geste technique, l’autre touche le bébé, le réconforte. « Parfois, quand c’est possible, nous travaillons avec le père ou la mère des parents », explique la puéricultrice. Car il est fondamental de favoriser le lien affectif entre l’enfant et ses parents.
Ce n’est pas la comédienne Inès Sastre, marraine de PremUp, qui dira le contraire. Diego, 4 ans, son fils né à 34 semaines d’aménorrhée, affiche aujourd’hui une belle santé. Sa maman a été bien épaulée durant son séjour en néonatalogie.
* De 9 à 13 heures, 15, rue de Vaugirard, Paris 6e. Renseignements : www.premup.org.
**Les autres maternités de niveau 3 sont Cochin-Port Royal et le CHI de Créteil.
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